Quelle Université Numérique ?

La semaine dernière, j’ai été contacté par la présidente de la CEVPU qui cherchait un intervenant sur l’enseignement en ligne. Demande tardive, mais que je trouve intéressante. C’est finalement assez rare d’être sollicité par des étudiants.

En y réfléchissant, et en préparant (en trop peu de temps je suis un peu débordé) quelques transparents (plutôt en regroupant des diaporamas existants), je suis retombé sur un fil conducteur assez classique mais qui me paraissait faire sens :

  • premier point : les compétences sur lesquelles on met l’accent aujourd’hui, que ce soit dans le contexte professionnel, citoyen ou étudiant, ce sont les compétences informationnelles ou littératie numérique, qui sont finalement un prérequis pour aborder l’innovation (idée que j’ai développée l’année dernière). Ces compétences n’étant malgré tout que peu naturelles pour nos jeunes de la génération Y, il est nécessaire de les intégrer dans nos cursus.
  • Partant de là, on peut regarder ce que fait l’université aujourd’hui. Et de fait, il s’y passe pas mal de choses et au final, le constat est finalement assez flatteur, même si on peut regretter que certains éléments ne vont pas assez loin. L’université donc :
    • A cherché à formaliser ces compétences au travers des divers C2i. Si ceux-ci sont perfectibles, ils ont déjà l’immense qualité de faire bouger les frontières ;
    • A généralisé les accès à des ressources au travers des ENT. Certes ils sont fermés, mais ils permettent de mettre le pied à l’étrier ;
    • multiplie les initiatives : plan Wifi, podcasts, simulations, animations en 3D à Lyon 1, e-portfolio à l’UVSQ, réseau social d’université (les carnets de Paris Descartes), pages d’universités sur Facebook, WebTV, UnivMobile
    • capitalise sur les ressources au travers des universités numériques ;
  • troisième point : les ressources sont en fait un élément stratégique pour les universités (qui sont avant tout des centres de savoirs). Lorsque l’on considère la manière d’aborder la gestion de ces ressources, on ouvre un ensemble de niveaux de coopération, qui permettent d’envisager les manières d’insérer les universités dans les réseaux numériques de la connaissance (pour reprendre la formule de H. Isaac). De pourvoyeur de connaissance, comme c’est envisagé dans les Universités Numériques Thématiques actuelles, on peut glisser vers des collaborations entre enseignants, avec les étudiants, ou vers de la co-innovation, voire de la co-création de contenus (pour plus de détails, j’ai présenté en détails l’idée aux JNUM10). L’étape ultime de ces niveaux de collaboration est sans doute l’avènement de quelque chose qui ressemblera à un campus global, dont les sites universitaires seront les empreintes physiques permettant aux étudiants d’apprendre dans un contexte global, tout en restant localisés dans un environnement propice aux échanges et à une vie sociale physique.

Comme idée pivot d’articulation, je démarre sur l’idée qu’Internet est actuellement polarisé entre deux visions : celle de la diffusion, dont Hadopi est l’instrument légal, et celle de la collaboration, dont le web2.0 est l’outil de diffusion. Cette polarisation se transfère bien à la manière dont on envisage les enseignements : cours magistral ou travail de groupe en projet. Et s’applique encore mieux à la manière dont on envisage l’insertion dans les « réseaux numériques de la connaissance », soit diffuseurs de contenus, soit participant à la construction collaborative de nouveaux savoirs. J’aime à penser que la culture profonde des universités tendrait plutôt vers le second pôle que vers la première vision qui peut être portée momentanément pour démarrer. La résistance la plus importante est peut être du coté des enseignants-chercheurs qui ont peu de raison de se préoccuper de pédagogie.

J’espère que cette ligne pourra faire démarrer le débat.

Par ailleurs, force est de constater que l’Université semble avoir fait le choix d’investir le numérique et d’avancer maintenant assez vite. Et c’est une très bonne nouvelle.

Autre point, cette présentation permet de faire le lien entre le point de vue « littératie numérique » et « ressources éducatives (libres) », ce qui me paraît une bonne chose, même si pour le coup l’Université ne semble pas en avoir pleinement conscience (peut être quelques personnes, mais ça ne se voit pas encore d’un point de vue stratégique).

Pour aller plus loin, quelques références :

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