MOOC ITyPA – 10 ans déjà !

Il y a – déjà – 10 ans, avec Anne-Céline Grolleau, Morgan Magnin, Christine Vaufrey, ouvrions le premier MOOC francophone, ITyPA « Internet Tout y est Pour Apprendre », au moment même où les médias découvraient le phénomène MOOC qui montait depuis début 2012 aux USA.

À l’époque, il y avait deux visions dans les MOOC, celle qui se voulait ouverte, dite collaborative ou connectiviste, un peu sur le modèle de la classe inversée qui est arrivé depuis, et tirer parti du Web comme environnement de collaboration. C’était notre cas, puisque nous voulions au travers de ce MOOC permettre de travailler ensemble sur la manière de travailler dans ce cadre. Un MOOC de démarrage en somme. Le programme s’articulait donc autour de la notion d’Environnement d’Apprentissage Personnel. C’était d’ailleurs la vision initiale des MOOC proposée par George Siemens, Stephen Downes ou Dave Cormier. La vision était celle d’un MOOC comme bien commun.

Les médias et les établissements de l’enseignement supérieur étaient plus intéressés par le storytelling américain proposant d’ouvrir les cours d’universités et plus particulièrement des universités américaines, de toucher le monde entier et d’accueillir les apprenants par centaines de milliers. Dans ce cadre, il s’agissait de transcrire un cours classique avec des vidéos, des quizz, des exercices, un certificat, et un professeur qui passe bien. Moins riche, plus proche des modèles existants, plus facile à suivre, c’est ce modèle qui a été adopté. Et présenté comme une « Révolution ». 10 ans après, les MOOC existent toujours, mais n’ont pas révolutionné l’éducation. Ils ont encore rendu bien des services pendant la période COVID (dite aussi enseignement en situation d’urgence), mais comme un outil parmi d’autres. Ils sont devenus une modalité d’enseignement parmi d’autres. L’ambition d’un enseignement ouvert, collaboratif, voire posé comme bien commun, existe toujours mais reste à la marge du système.

Souvenirs. L’idée de faire un MOOC a été lancée via Twitter au travers de messages en mai 2012, des rencontres rapidement via les premiers systèmes visio, et l’ouverture d’un espace sur Google drive. Le travail se faisait sur le temps libre (Faire un MOOC dans son garage) dans la bonne humeur. Nous avions une impression de facilité. Les personnes que nous sollicitions répondaient rapidement et positivement. Stephen Downes nous a ainsi fait une vidéo et renvoyé le lien quelques heures plus tard. Alors que nous cherchions un système de webinaires permettant de regroupes quelques personnes et de le diffuser en direct, Google sortait son offre gratuite de hangouts qui répondait exactement à ce besoin et que nous avons utilisé intensivement pendant 3 ans. Et surtout, après la première séance du 4 octobre, alors qu’on se demandait comment cela allait se passer (il faut avouer que nous étions un peu stressé ce 4 octobre 2012), on a pu lire les premiers échanges des participants, sentir leur enthousiasme, et les relayer. Enthousiasme, qui s’est maintenu jusque mi décembre, et après puisque certains apprenants ont même créé un espace pour collecter ce qu’il s’était passé pendant ces quelques semaines (voir par exemple le bilan de la saison 2). Et tant de belles rencontres et de discussions passionnantes au cours de ces semaines.

Ce MOOC a connu une seconde saison, durant laquelle Simon Carolan a rejoint l’équipe d’organisation. Puis une troisième saison durant laquelle les 4 initiateurs ont passé le flambeau à une équipe renouvelée d’amis, ce qui de mon point de vue est une des plus belles réussites qu’on puisse imaginer pour un enseignement 🙂

Entre temps, nous sommes passés d’une époque de pionniers qui se connaissaient tous. Je pense à mon collègue Gwendal Simon qui revenant en septembre d’un séjour d’étude en Amérique m’annonçait qu’il se passait un truc extraordinaire aux états-unis, qui a regardé ce qu’on préparait pour ITypa, et qui m’a dit qu’il préférait faire un MOOC classique avec un professeur croisé dans un couloir. Dès février 2013, le premier MOOC sur les réseaux cellulaires démarrait sur une plateforme bricolée, avec des vidéos montées la nuit, Xavier Lagrange en tant que professeur, quelques centaines d’inscrits, et un maximum de satisfaction de la part de Gwendal et Xavier. Rémi Bachelet qui a démarré dès mars 2013 avec son MOOC Gestion de Projet, faisait également partie de mes connaissances.

Après il a fallu de longs mois pour que l’enseignement supérieur s’organise, monte la plateforme FUN (annoncée en octobre 2013), pousse les services pédagogiques a accompagner la création de MOOC, et se pose la question de la finalité de ces cours. Cela nous a pas mal occupé à l’époque, mais pour le coup avec des mandats officiels pour certains d’entre nous.

Et après tout ça. Qu’est ce qui reste dix ans après ? Quels sont les changements de fond dans ces dix dernières années ? Quelles perspectives ?
Et si on se retrouvait en ligne pour en parler ensemble.

Crédit photo : @vainaimoinen https://pxhere.com/fr/photo/1611551 licence CC-0

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Sur des nouveaux outils pour enseigner le langage C en ligne

L’équipe des MOOC sur le langage C (MOOC le plus innovant de l’année) nous a invité à découvrir les outils qu’elle a développés pour améliorer l’apprentissage du langage C. Le principe de base est que beaucoup de choses peuvent s’exécuter depuis ou mieux dans le navigateur, en tout cas tout ce qui est nécessaire pour apprendre, pour rendre la prise en main la plus simple possible pour l’apprenant.

Trois outils complémentaires, élégants et originaux ont été intégrés, tous basés sur du logiciel libre :

  • codecast, qui permet d’enregistrer la voix et l’éditeur du prof, mais en redonnant la main à l’apprenant directement sur le code quand il le désire. C’est un vrai plus par rapport aux screencasts classiques, puisqu’il est possible de pousser le professeur et de faire à sa place. J’adore ;
  • taskgrader, qui permet d’éditer, compiler et valider du code, et donc d’évaluer l’apprenant. Cet outil permet donc à l’étudiant de faire du code et d’avoir un retour sur son code. Là encore, on donne la main à l’étudiant. C’est une technologie que l’on a déjà vu dans d’autres MOOC ou formations en ligne (codecademy, khan academy, mais donc aussi France IOI…), mais ici le compilateur C est intégré ce qui est original. Le choix est également de montrer la différence par rapport à ce qui est attendu plutôt que de laisser un environnement d’affichage libre ;
  • weblinux, permet d’avoir un environnement linux directement dans son navigateur, qui permet de développer du code C et de le tester sur un véritable système d’exploitation.

Bref, il est donc possible d’embarquer dans un navigateur un environnement de développement avec son compilateur (codecast) et sa machine cible d’exécution (weblinux), ce qui rend l’apprentissage plus simple, hors de toute contrainte liée à l’ordinateur sur lequel on apprend.

On doit ces développements à Rémi Sharrock et à l’association France IOI qui promeut l’apprentissage du code et de l’algorithmique, avec Mathias Hiron notamment.

D’un point de vue plus technique, cela a été pour moi une bonne mise à niveau. Un navigateur est bien devenu un système à part entière dans lequel il est possible de faire exécuter ce que l’on veut : un compilateur, un système d’exploitation (tournant lui même sur un émulateur de processeur OpenRisc, c’est le projet libre jor1k) comprenant les outils linux qu’on voudra y adjoindre. Les outils d’évaluation de code sont par contre plus classiquement déportés sur des serveurs cloud, mais là aussi le projet taskgrader est accessible et open source. Par contre, ce code est prévu pour tourner sur des services clouds spécifiques. Il est intégré dans les MOOC via l’interface classique LTI, classique dans ce contexte.

Le couplage d’un outil interactif et d’un enregistreur ne semble pas être très difficile à développer, mais l’idée est très séduisante pour renforcer la capacité d’interagir de l’apprenant. Nos présentateurs ne se sont pas étendus sur la chose.

Après cela vous serez prêts à utiliser un environnement intégré dans votre navigateur comme cloud9, sur lequel les outils ci-dessus se sont inspirés en intégrant des fonctionnalités pour accompagner l’apprenant. Mais si vous êtes débutant en programmation, n’hésitez pas à utiliser ces outils en vous inscrivant sur le MOOC « ABC d langage C »,  les enseignants sont des super développeurs et des super pédagogues.

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Quelques MOOC qui sortent du lot

Je vais assumer complètement un parti pris et une non exhaustivité de ce qui se passe dans le domaine. J’ai juste croisé quelques sujets qui ont attiré mon attention.

Sciences Tag : Les médiations culturelles et scientifiques à l’ère des réseaux sociaux” nous vient du monde de la médiation scientifique. Il parcourt les différentes dimensions de la littératie numérique du point de vue du médiateur. Le travail est  pro, et il sera parfait pour mes étudiants de l’UbO. En terme de bons goût, le teaser est remplacé par une simple animation très design. Un collaboration entre des pros de la médiation et l’équipe de Mooc et Compagnie, cela devrait être le must de la rentrée

Pour le titre, pour son sujet, j’ai coché “L’innovation pédagogique dont vous êtes le héros”. Ou comment aborder des sujets de fond en gardant une certaine distance. L’auteur principal, Bruno De Lièvre a tout compris à la pédagogie moderne. Le contenu du cours a l’air à la fois pratique et basé sur des références bien choisies. Sans nul doute un bon cours sur le sujet. En effet, même si on a l’impression qu’il y a déjà beaucoup de cours sur les sujets de la formation et de la pédagogie, celui-ci devrait pouvoir trouver sa place.

Comprendre l’économie collaborative” n’est pas le premier cours non plus sur la transition numérique et ses impacts. Celui-ci se dégage d’autres par la pluralité des points de vue, la place est en effet donnée à de nombreux acteurs et réels experts de ces questions. Les participants sont de premier ordre et d’horizons variés. Les clés du cours doivent permettre à chacun de faire la part des choses et de comprendre les différentes dimensions du débat.

D’autres sujets peuvent retenir votre attention : le MOOC de Tela botanica remet la botanique à l’honneur, et démontre l’intérêt de créer des communautés pour dynamiser ce genre de sujet. Dans la même veine, le mouvement Colibris va rejouer son MOOC “Concevoir une Oasis” en novembre. Ou comment concrétiser ses rêves 🙂 Si vous ne connaissez pas ces 2 associations, je vous invite à aller regarder de plus près.

 

Mais avant de vous inscrire, assurez vous de pouvoir y consacrer le temps qu’ils méritent.

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Crédit photo : Say MOC one more time par Audrey Watters licence CC-by-SA

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Un cercle d’apprentissage pour échanger dans la vraie vie entre pairs autour d’un MOOC

Très chouette article la semaine dernière d’un étudiant du Master EdTech du CRI de Paris sur les #LearningCircles de la P2PU. L’idée semble-t-il est de proposer et d’animer des séances de cours autour d’un MOOC existant. Ils appellent cela des cercles d’apprentissage. Cela créé du lien, de l’inclusion et rend les apprentissages du MOOC beaucoup plus attractifs.

Cuppa MOOC

La P2PU est une association qui cherche à faciliter l’apprentissage en dehors des murs des institutions. Elle promeut l’apprentissage entre pairs, la communauté et l’ouverture. Elle propose des cours ouverts en ligne, et développe des initiatives toujours intéressantes. L’initiative « Learning Circles » est proposée avec la bibliothèque publique de Chicago. Sur le site de la P2PU, on vous propose de vous inscrire à un cercle existant ou de créer le vôtre. Sympathique. L’initiative peut avoir un vrai impact social.

Et de fait, on en parle depuis la création des MOOC. Lors du premier MOOC francophone, Denis Cristol avait déjà organisé un tel cercle d’apprentissage dans son entourage pour créer une saine émulation et cela a semble-t-il très bien marché. Lors de la seconde édition d’ItyPA, nous relayions systématiquement les groupes, les sites ou les institutions qui proposaient de telles rencontres, qui prenaient différentes formes suivant les cultures locales. C’était complètement bricolé, mais cela a attiré et motivé des publics peu habitués à échanger en ligne.

Cette idée a souvent été suggérée ici et là par quelques pionniers des MOOC , notamment en direction des bibliothèques ou de la ville de Paris, sans grand succès jusqu’ici. La P2PU joint à son site de partage de cercles un mode d’emploi pour le futur facilitateur. C’est clairement un élément qui doit faciliter le développement des telles initiatives.

Si on creuse un peu, l’idée n’est donc pas vraiment nouvelle. Denis Cristol continue à promouvoir et à essaimer de tels cercles à travers la France pour les publics de formateurs tentés par la collaboration. La communauté reste petite mais active, soudée et ouverte. Il cite une chouette association canadienne Percolab. On trouve également une entrée cercles d’apprentissage dans le recueil d’Imagination4People (projet qui cherche à trouver des solutions concrètes contribuant au mieux vivre ensemble), et d’autres entrées, mais qui restent discrètes. Proche de cela, on trouve l’idée de cercles d’études qui semble très développée en Suède, en touchant la moitié de la population. Bref, il y a du potentiel, mais qui n’a pas encore trouvé de débouché profond.

Il semble qu’il manque quelques ingrédients pour que cela émerge par chez nous. Une mise en œuvre concrète qui attire l’attention, un relais par un organisme, une association qui diffuse et puisse être un interlocuteur vers les lieux d’accueils potentiels, et sans doute un habillage qui rende le concept attractif pour tous (par tous je pense d’abord à tous les publics, car l’objectif premier est d’être inclusif). Le terme fablab a bien plu et réconcilier les jeunes avec la bidouille, le bricolage. Cercle d’apprentissage me paraît moins vendeur, il manque un volet com’. Vos suggestions ? On travaille dessus à l’occasion d’un Camp ?
Cet article a été initialement publié sur Medium.

Crédit photo : #edcmooc Cuppa Mooc par S B F Ryan licence CC-by

 

Intégrer des MOOC dans une formation

Le MOOC est un formidable levier d’ouverture des enseignements à l’extérieur de l’enseignement supérieur. Mais pour nombre de collègues enseignants se pose la question de l’utilisation de ces formations au sein de nos institutions. Cela peut être un complément à des cours existant, mais c’est aussi une occasion de revisiter les cursus proposés à nos étudiants. Le colloque de pédagogie QPES qui a eu lieu en juin à Brest a été l’occasion d’aborder ces questions de deux manières.

Nous avons en effet proposé un papier sur les différents modes d’intégration réalisés à Télécom Bretagne qui couvre les différentes options d’intégration de tels cours dans un cursus, et qui démontre qu’il est possible de faire évoluer une maquette de formation simplement en y intégrant des MOOC selon différentes modalités.

Cela a également été l’objet d’un atelier lors du précolloque durant lequel les participants ont pu réfléchir aux différentes options d’intégration possible et à s’intéresser aux modalités d’intégration pour s’assurer d’une expérience pédagogique réussie. Non seulement cela a été l’occasion de débats intéressant, mais il s’avère également que c’est un bon point d’entrée pour les enseignants qui n’ont pas toujours une vision claire de ce qu’est et peut être un MOOC.

Gérer la nouvelle d’un attentat dans un MOOC

Un MOOC est un espace public, géré par une équipe d’enseignants, et à ce titre un enseignant peut se trouver à devoir réagir publiquement à des événements aussi extrêmes qu’un attentat. Nous en avons eu un malheureux exemple cette semaine dans le cadre du MOOC sur l’écotourisme coorganisé par des collègues de l’Université de Sousse. Si je suis sensible à cet aspect, c’est que j’avais rencontré Samiha KHELIFA lors d’une session de formation que j’animai pour l’AUF sur l’animation d’un MOOC.

Je pense donc avec émotion à mes collègues, mes amis tunisiens qui se retrouvent embarqués dans des événements qui attaquent et remettent en question leur pays et ses valeurs. Au delà de l’émotion, j’ai appris l’existence de l’attentat de Sousse au travers de leur message suite à l’annulation du webinaire qui était prévu en soirée. J’étais en effet en déplacement et le courriel était ma seule liaison d’information :

« Chers apprenants

Comme Vous avez pu le constater, il nous a été impossible d’établir la connexion pour le 3ème webinaire compte tenue des évènements (attentats) en France et en Tunisie

Nous nous excusons auprès de Vous et nous vous donnons rendez-Vous pour la semaine prochaine à la même heure avec nos invités

Merci pour votre compréhension

Samiha KHELIFA »

Sobriété et transparence étaient de rigueur. On est ici dans la gestion de la crise, et la réponse rapide pour maintenir informée la communauté est bien ce qu’il y a à faire directement.

Par la suite, plusieurs scénarios étaient possibles :

  • la communauté des apprenants interpellait les enseignants, par des messages de sympathie, ou par des questionnements sur l’effondrement du tourisme suite à un tel attentat, et forçait à aborder le sujet ;
  • l’équipe enseignante se saisissait de cet événement pour susciter le débat par rapport au sujet du cours, l’écotourisme, et l’étudier suivant les dimensions abordées dans le cours ;
  • le cours continuait comme s’il ne s’était rien passé, pour ne pas perturber son déroulement, dans un souci de la continuité de l’enseignement.

C’est ce dernier scénario qui a été choisi. Les réactions restant absentes, il était effectivement possible. Il a sans doute fait l’objet de discussions au sein de l’équipe pédagogique. Il serait d’ailleurs intéressant de voir si on constate une évolution des participants suite à cet événement.

Il me semble qu’il élude une question de fond, qui est sans doute à aborder dans une enceinte différente de celle d’un cours, mais qui est aussi un véritable enjeu de société. Reste donc à trouver comment l’aborder pour envisager le développement d’un écotourisme dans une société confrontée au terrorisme. Ce pourrait être une suite d’un tel cours dans un environnement plus adapté au débat.

J’espère que je ne vais pas trop loin ici, mais l’exemple d’Irène Frachon nous pousse à nous poser la question du rôle citoyen de l’enseignant dans l’exercice de son métier. Des sujets comme l’écotourisme ou la gestion des risques amènent les enseignants à être confrontés avec l’actualité. Il est de leur rôle de garder une certaine distance pour permettre l’analyse, mais ils sont nécessairement interpellés par la société civile qui attend justement des éléments d’analyse pour pouvoir surmonter les simples faits.

Il n’y a pas que les MOOC qui soient massifs en formation

Si les MOOC ont fait le buzz ces trois dernières années, mettant l’accent sur l’ouverture et le développement numérique autant de l’enseignement supérieur que de la formation continue, il est important de réaliser que d’autres types de dispositifs se développent avec ce coté « massif » du numérique.

L’adjectif massif rend compte de deux dimensions. D’une part, il y a la dimension liée à un grand nombre de participants. Ces grands nombres permettent de mettre en place des analyse de données d’apprentissage, des learning analytics comme disent nos amis anglophones. On est dans le domaine du big Data. D’autre part, la dimension sociale, l’exploitation de l’effet web qui augmente l’expérience collective partagée en même temps que les utilisateurs en développent les usages, créé une dynamique nouvelle dans les apprentissages en ligne. Nos amis anglais appellent cela Massive open social learning. Cette seconde dimension est clairement un axe de recherche à encourager dans le cadre de l’analyse des données d’apprentissage.

Dans le cadre du projet d’observatoire pour la construction et le partage de processus d’analyse de données massives d’apprentissage Hubble, nous avons cherché à identifier des cas d’usages variés autour de ces questions. On y trouve une variété importante de dispositifs qui combinent potentiellement nombre et apprentissage social :

  • les MOOC bien sûr avec une dimension transmissive (issue des fameux xMOOC, transcription numérique de cours traditionnels) et une dimension plus sociale (voire de construction de connaissance collective et émergente issue de l’analyse des ressources du Web pour les cMOOC, dits connectivistes) ;
  • Les cours et les évaluations en médecine, sur lesquels on est plus sur de l’individuel en grand nombre ;
  • Les concours comme le concours Castor sont des sources de données intéressantes à analyser et qui avec 228 324 candidats en 2014 rentrent sans discussion dans cette catégorie de massif ;
  • Les jeux sérieux qui peuvent combiner individuel, groupes, et des questions de motivation ;
  • Les démarches d’investigation géolocalisées sont vues comme un axe potentiel intéressant par de nombreux acteurs, que ce soit comme investigation citoyenne (voir nQuire-it) ou dans une perspective de valorisation de patrimoine, avec des extensions de transmedia ou de jeu (sérieux) en réalité alternée (voir travaux de Edwige Lelièvre).

Il y a aussi ces sites qui ne sont pas vraiment des MOOC qui permettent d’apprendre des notions variées et de réaliser des exercices d’application qui permettent de s’entraîner, et d’échanger au travers de forums. Parmi les plus connus citons ces deux exemples traduits en français par Bibliothèques Sans Frontières sont :

  • Khan Academy qui a d’ailleurs développé des tableaux de bord intéressants pour les apprenants ;
  • Codecademy, qui est une alternative aux MOOC trop linéaires d’apprentissage de langages.

Merci de m’aider à compléter cette liste. Quels sont les dispositifs massifs d’aujourd’hui ou de demain pour apprendre (ensemble) ?

 

Autre question en passant : êtes vous plutôt pour « analyse des données d’apprentissage » ou « analyse de données d’apprentissage » comme traduction de « learning analytics » ? la proposition de Wikipédia « analyse de l’apprentissage » me paraît clairement erronée.

Education For The Masses

Crédit photo : Education For The Masses par Pete Birkinshaw – licence CC-by

Quand les bretons se rencontrent pour parler MOOC

Vendredi 5 juin se dérouleront les 5èmes rencontres bretonnes des TICE et du elearning, dont la thématique est « MOOC retours d’expérience ». Le panel des intervenants couvre un beau panorama des acteurs français des MOOC, avec des universitaires, des startups et entreprises du elearning, des entreprises utilisatrices, des bretons… Et il sera possible de participer aussi bien sur place à Rennes qu’en ligne puisqu’une classe virtuelle sera mise en place. Bref, pas d’excuse pour ne pas s’y inscrire.

Pour ma part j’y présenterai comment nous intégrons des MOOC à Télécom Bretagne (sujet que j’ai publié pour le colloque de pédagogie QPES qui aura lieu du 18 au 20 juin à Brest), et quelques aspects de recherche qui m’intéressent actuellement : MOOC de concertation, analyse de données d’apprentissage (projet Hubble), MOOC et aspects sociaux, parcours d’apprentissage collaboratifs. On s’y retrouve ?

Spécial @tkoscielniak: Il semble que l’esprit breton gagne certains intervenants.

L’ambition de LinkedIn dans le monde de la formation

LinkedIn est LE réseau social professionnel international qui permet à chacun de gérer et publier son CV, ses formations, ses diplômes et ses certificats (notamment obtenus en suivant des formations comme des MOOC), son carnet d’adresse public, son expérience professionnelle, ses productions, mais aussi de recommander ses pairs, d’échanger sur tout sujet, … Il est devenu incontournable d’y figurer dans nombre de domaines. Ainsi, il est inimaginable pour un jeune ingénieur aujourd’hui de ne pas avoir un CV en ligne, et peu courant que celui-ci ne soit pas sur LinkedIn. Pour pouvoir évoluer ceux-ci maintiendront naturellement à jour les informations qui les concernent permettant à LinkedIn de disposer de données précieuses sur le marché professionnel.

Les associations d’anciens de nos écoles ont besoin de maintenir le contact entre les diplômés d’un établissement supérieur. Comme LinkedIn est perçu avec raison comme un réseau social professionnel, il est naturel d’utiliser ce réseau comme vecteur principal des échanges numérique de ces associations (via des groupes, des forums …). J’en connais au moins 2 exemples…

Pour les écoles professionnelles, LinkedIn est d’ailleurs un outil précieux d’informations sur l’évolution des métiers. Il contribue ainsi à permettre aux établissements à définir leurs formations.

LinkedIn devient ainsi un partenaire incontournable des établissements de la filière de l’éducation professionnelle. Il permet aux diplômés de trouver du travail, de rester en contact, d’obtenir des informations sur l’évolution de leurs métiers. Ces impacts positifs permettent à cette entreprise de développer une relation forte avec les professionnels en tant qu’utilisateurs de formations.

Il en profite évidemment pour développer une connaissance fine de l’évolution des métiers, des parcours, des domaines privilégiés des différents établissements et du corps social de leurs anciens. Il est raisonnable de penser que LinkedIn connaît mieux le réseau des anciens, ses aspirations, son mode d’évolution que les établissements d’enseignement eux-mêmes.

Au niveau des MOOC, il n’est pas rare de voir apparaître un groupe LinkedIn pour permettre à la communauté de survivre à la fermeture du cours. LinkedIn est donc quelque part le dépositaire potentiel de ce qui fait la valeur ajoutée des MOOC : leurs communautés qui ne sont pas gérées dans les plate-formes de cours.

Ce qui permet à cette entreprise de développer nombre de services sur lesquels les établissements n’ont pas de contrôle et dont ils peuvent devenir dépendants.

Dit autrement quelle position LinkedIn ambitionne-t-elle par rapport au domaine de la formation ? Être un panneau d’affichage de diplômes et autres certificat doublé d’un simple relais des discussions entre anciens n’est certainement pas à la hauteur d’une des entreprises du numérique. Par contre, devenir le moteur de recommandation des formations semble plus prometteur.

Premier niveau de service, le classement des universités en fonction des métiers rêvés. Celui-ci ne fonctionne pour l’instant que pour 3 pays anglo-saxons (USA, Royaume Uni et Canada), mais on imagine que ce classement pourrait avoir un impact plus important que celui qui établit les hiérarchies entre écoles et qui sont actuellement publiés annuellement dans les journaux. Et on peut s’attendre à le même type de débats que ceux qui ont tourné autour de l’algorithme PageRank de Google.

Le second niveau de service concerne plutôt la formation professionnelle, Graal des établissements d’enseignement du supérieur qui y voient un potentiel de recettes. Il s’agît de la recommandation de formations pour pouvoir évoluer dans sa carrière professionnelle. Un des objectifs de LinkedIn est de pouvoir relier les personnes, les offres d’emploi avec les compétences nécessaires pour les exercer et les formation proposées permettant de les acquérir. LinkedIn pourra ainsi recommander les différentes formations professionnelles proposées aux internautes pour évoluer et obtenir le job de leur rêve.

Quelles seront les formes de formation mises en avant par de telles recommandations ? S’agira-t-il de formations présentielles ou en ligne ? Clairement, les formes plus souples seront sans doute privilégiées. Est ce que ce seront les MOOC proposés par les universités, ceux proposés par les entreprises ? Ou d’autres formes de cours en ligne plus en phase avec les besoins des professionnels en recherche d’évolution de métier ? C’est en tout cas une tendance identifiée de la formation tout au long de la vie, du moins dans sa perspective professionnelle, liée à une évolution constante du marché du travail. Et cela risque de devenir une pression du marché sur les établissements de l’enseignement supérieur qui voudront être présents dans le domaine de la formation professionnelle. Mais les services de formation continue des universités sont-ils prêts face à une évolution de ce type ? Auront-ils l’agilité pour suivre les évolutions à venir, pour aller vers les clients potentiels ? Vu leurs performances actuelles, on peut légitimement en douter.

Dans une telle offre numérique et ouverte, quelles seront les formes donc d’offres de formation qui seront retenues par les utilisateurs et promues par les services des Ressources Humaines ? Rien n’est dit mais il y a clairement une multiplicité de l’offre, dont les MOOC ne sont qu’un exemple.

Ce qui m’importe plus ici est de me poser la question de la concurrence qui existera au niveau de l’offre. Si on peut penser que les établissements de formation continue classique sauront répondre à la demande, il faut sans doute surtout s’intéresser au nouveaux entrants issus du monde numérique, et ils sont nombreux. Citons en simplement deux qui sont particulièrement notables.

  • Le premier est OpenClassrooms, petite entreprise française qui vient de dépasser le million de membres inscrits, et qui a décroché l’accès direct aux demandeurs d’emploi, ce qui devrait lui permettre d’élargir sa base utilisateurs. Quand on voit que dans le même temps le Ministère de l’enseignement supérieur passe un protocole d’accord avec OPCALIM, on peut s’étonner de la différence d’agilité, et s’interroger sur l’évolution opérationnelle des deux offres.
  • Le second est tout simplement LinkedIn, du moins au travers un de ses rachats récents, la plateforme de cours Lynda. LinkedIn ne se positionne donc pas simplement comme outil de recommandation, mais aussi comme offreur de formations. Le couplage des deux services lui donne indéniablement un avantage par rapport aux établissements traditionnels. Et quand on compare les moyens mis en œuvre, 1,5 milliards de dollars pour ce rachat, face aux 12 millions d’euros pour le plan d’investissement d’avenir (PIA) Idefi-N visant à faire évoluer l’offre de formation universitaire en ligne, on peut s’inquiéter de qui a l’initiative sur l’évolution des formations. D’autant que les délais de mise en œuvre du PIA se comptent en années, une année quasi complète pour simplement le processus de sélection…

Clairement, le tsunami numérique prédit par Emmanuel Davidenkoff progresse et concerne également l’enseignement supérieur. LinkedIn vise à être un élément central dans ces bouleversements. Ce n’est pas le seul acteur, mais sa feuille de route est explicite, les moyens disponibles impressionnants, et ce sans questionnement partisan sur la réforme du système.

Crédits photos : My LinkedIn Connections par Michael Korcuska licence CC-by-sa et LinkedIn Centipede Participants in the 2010 ING Bay to Breakers par A Name Like Shields Can Make You Defensive licence CC-by

FlotRisCo et Ecotourisme, des MOOC qui éclairent les questions territoriales

Le MOOC FlotRisCo présente les résultats de travaux scientifiques au service de la gestion des risques côtiers, permet de comprendre, voir de mettre en œuvre une politique de gestion de ces risques côtiers. C’est une question centrale pour les habitants et tous les services du littoral.

Le MOOC Ecotourisme, nous permet quant à lui d’aborder une problématique de développement des territoires

l’Université de Bretagne Occidentale et l’université de Sousse, au travers des équipes qui ont développé ces MOOC démontrent ainsi une proximité avec les questions territoriales, ou plus généralement de société, bref une belle ouverture d’esprit. On est bien loin ici d’universités enfermées dans leurs tours d’ivoire.

Il se trouve que j’ai pu travailler avec un certain nombre d’acteurs de ces deux MOOC, et dans tous les cas j’ai été passionné par la profondeur de leurs questionnements tant pédagogiques, que scientifiques et sociétaux. Dans les deux cas, ces MOOC se sont construits avec un collectif nombreux de partenaires. Si cela a clairement été plus difficile pour développer le cours, et la valorisation des travaux de chacun, il semble que c’était indispensable pour aborder ces problématiques qui sont systémiques et ne peuvent se réduire à un simple exposé didactique.

Ainsi le mouvement des MOOC permet aux enseignants-chercheurs d’aller à la rencontre des publics concernés par leurs travaux et d’échanger pour mieux avancer. Il y a d’ailleurs toujours une dimension forte d’activités collaboratives dans leur conception. Avec le MOOC @ddict (un « MOOC collaboratif sur nos usages du numérique ») proposé il y a quelques mois par l’université de Nantes, nous avons ici un courant de cours d’un genre nouveau qui cherche à se développer entre cours pour étudiants et formation professionnelle, qui cherche un autre mode d’élargissement de la formation tout au long de la vie au service du citoyen.

Si vous aimez les bords de mer, ou un tourisme authentique, n’hésitez par à vous inscrire à ces 2 MOOC, vous y découvrirez comment gérer ces aspects, et peut être y développerez vous une vocation.

L’écotourisme : Imaginons-le ensemble

FlotRisCo : les sociétés littorales face aux risques côtiers

Crédit photo : Tempête par -Philippe- licence CC-by-nc-nd

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