Formation : transformons nous avant d’être transformés ou de disparaître

Je profite de mon saisissement à la lecture du billet de Romain Gibert « Non à la transformation digitale en formation … oui à la rupture » pour relancer mes observations dans le débat sur la transformation éducative et numérique.

Premier point, il emploie des mots assez crus, mais justes sur le sentiment de nombre d’apprenants dans le système éducatif (on s’y fait ch…) . Rien de nouveau, mais à chaque fois plus insupportable (Que répondre à son enfant quand il vous dit ce genre de choses, que vous êtes enseignant et que vous savez qu’il a raison ?). Et clairement la coupe est pleine.

Second point, il rappelle que nous avons nombre de pistes pour enclencher notre transformation. Les pistes sont là, mais il faut passer à l’action. Malheureusement, selon lui, le démarrage de l’action se perd entre décideurs, effrayés qui n’ont rien compris et consultants qui proposent des discours lénifiants. Il y a ici aussi un fond de vérité.

Ensuite, je suis un peu plus circonspect sur la formulation de la solution.

Oui, donnons la parole aux apprenants pour qu’ils puissent participer à la transformation, et entamons un discours entre personnes responsables, en quittons ce mode de relation parent-enfant pour pouvoir échanger entre personnes responsables, ce qui est trop rarement le cas. Le climat d’écoute et de confiance reste à installer.

Mais non, ne croyons pas que ce sont les jeunes qui ont inventé les nouvelles manières d’écouter la musique, de se déplacer, d’acheter à manger. Ces nouveaux modes d’agir proviennent majoritairement de jeunes entreprises qui ont un modèle économique particulier. Si il y a indiscutablement des dynamique à intégrer pour rendre la formation plus vivante, il y a aussi un risque de donner le contrôle de nos parcours d’apprentissage à des entreprises.

Oui il y a indiscutablement urgence à nous transformer, ne serait-ce que parce que les grands entreprises du numérique qui ont si bien su nous proposer de nouveaux comportements, sont intéressées (GoogleAmazonAppleLinkedIn, …) et parce que le système éducatif a besoin d’oxygène. Mais pas tout recommencer à zéro, refonder l’école était un étendard derrière lequel nous pouvions nous retrouver.

Et non, ne cassons pas tout. Si notre système est poussiéreux, il est néanmoins porteur de valeurs, de savoir-faire, de société qui mérite qu’on en conserve les fondations. Certains éléments sont rappelés dans cette transformation (esprit critique, bienveillance, apprendre à apprendre …). Ils ne sont pas forcément dans la feuille de route des entreprises du numérique, quoiqu’on en pense.

Il y a également nécessité pour rendre cette transformation opérationnelle, non pas d’asséner des vérités prémâchées de l’imaginer, de la rendre désirable et de la décliner ensemble en réseau pour identifier et décliner dans les différents contextes les voies de ces transformations. Nous avions décliné quelques clés ensemble au forum des usages coopératifs. Cela reste d’actualité, et une nouvelle initiative démarre en ce sens pour une coopération ouverte dans l’enseignement supérieur. C’est l’occasion pour que tous ensemble nous avancions, et non pas selon uniquement les visées d’entreprises, ou de décideurs qui n’auraient pas intégré toutes les dimensions liées à cette transformation. Il faut avancer ensemble.

Il n’y a pas de solution toute faite. Il va falloir imaginer et se projeter, faire, analyser et réfléchir à notre action, croiser et partager. C’est une démarche à la fois de culture scientifique, de culture numérique et sociale.

Alors, oui transformons, remixons la formation, avec les nouvelles générations mais pas en cassant tout et en laissant les clés sur la porte. Ce serait nier notre rôle de pédagogue, d’acteur et de citoyen.

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Crédit photo : Boîte à outils de Hacker par Frédéric Bisson – licence CC-by-nc-sa

 

Edumix, les écoles d’ingénieurs s’y mettent

Après le premier Edumix dans un collège à Vénissieux, l’équipe qui développe ce concept passe à l’enseignement supérieur en proposant une session dans une école d’ingénieurs, Télécom Saint Étienne du 11 au 13 octobre.

Pour reprendre le texte sous la vidéo présentant le bilan du premier Edumix, c’est :

Un évènement créatif et participatif pour réinventer lieux et pratiques d’enseignement. Edumix réunit des créatifs, pédagogues, artistes, chercheurs, développeurs, élèves… pour un sprint créatif dans un lieu d’enseignement. Un moment privilégié où tout devient possible, où l’on peut s’autoriser à sortir du cadre, créer des expériences inspirantes et explorer des modes d’action nouveaux.

Dit autrement, c’est l’idée de remixer l’éducation. Bien sûr, il y a d’autres initiatives, comme le hack’apprendre organisée par le learning lab de Louvain la Neuve en 2015 pour imaginer l’unversité en 2035, qui donne la parole aux étudiants, mais il y a un coté design et maker sympathique dans Edumix, sans compter le fait que l’équip est dynamique, et expérimentée pour mener ce genre de défis.

Alors, inscrivez-vous, et on en reparle.

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Crédit photo : Télécom Saint Étienne sur Wikipedia licence CC-by-sa

Museomix à Brest ? discutons-en

Museomix, c’est une communauté ouverte qui revisite et expérimente sur et dans  les musées.

La vision originelle qui porte Museomix :

  • Un musée ouvert où chacun trouve sa place,
  • Un musée labo vivant qui évolue avec ses utilisateurs,
  • Un musée en réseau auprès de ses communautés.
Dans le cadre du master « Histoire des sciences et des techniques, humanités numériques et médiations culturelles« , le Centre François Viète organise une présentation de Museomix  par Mme Claire Jouanneault dans l’optique d’examiner de manière concrète l’organisation d’une opération de ce type concernant l’histoire et le patrimoine maritime brestois.

Cette présentation aura lieu à la faculté Victor Segalen, 20 rue Dusquesne,  en salle B126 de 9h à 12h le vendredi 9 décembre 2016 . Elle est ouverte à tous et notamment aux chercheurs, doctorants, étudiants et bien sûr tous professionnels intéressés par de nouveaux modes de valorisation du patrimoine.

Une séance de travail complémentaire aura lieu l’après-midi pour celles et ceux qui souhaiteraient s’impliquer dans la préparation d’une forme adaptée à Brest et inspirée du modèle de Museomix.

Merci de prendre contact, éventuellement par un commentaire ci-dessous si vous êtes intéressés.
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Crédit photo : le Muséolab du Centre Erasme par dalbera licence CC-by
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ReMixer l’éducation ? C’est EduMix !

Et si on réinventait l’éducation ?

L’idée du remix, c’est de réunir des participants divers pour revisiter un lieu, avec ses pratiques pour proposer des idées nouvelles, des réalisations, qui rendent concrètent la vision, les rêves des participants. Et si on inventait l’école idéale ?

L’idée du remix a déjà été appliquée dans différents contextes. Des exemples ?

Biblio Remix est un dispositif  d’expérimentation, d’invention et de création participatives, autour des services en bibliothèque. L’idée est de réunir des participants aux compétences diverses (bibliothécaires, lecteurs, bidouilleurs, designers, architectes, usagers ou non des bibliothèques…), et de leur proposer d’esquisser leur vision de la bibliothèque idéale, à travers des questions, des problèmes concrets et des projets à réaliser. Le passage dans mon école a permis d’enclencher une transformation complète de notre espace de documentation en un lieu beaucoup plus accueillant. Biblio Remix dans la tradition des événements ouverts publie d’ailleurs sa recette, et ses résultats.

Museomix cherche à remix les musée. Toute une série d’événements accueillie dans des musées a permis d’imaginer de nouvelles expériences de visite.

L’idée de remixer l’école a été évoquée lors du dernier forum des usages coopératifs. J’ai découvert hier qu’il y avait un collectif, réuni autour de Erasme qui a initié Museomix et du Learning Lab Network, qui était en train de travailler sur le concept. Ce projet s’appelle naturellement Edumix !

Il semblerait que ce soit pour l’année prochaine, patience ! En attendant, vous pouvez venir échanger le temps d’une journée le 26 novembre, autour de la question « Quelles transitions dans l’éducation pour faire société ? » à Brest, Montpellier, Strasbourg ou ailleurs.

Mise à jour : ça y est, le premier  sera du 10 au 12 février 2017 à coté de Lyon. Vous pouvez candidater jusqu’au 16 décembre.

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Crédit photo : Labyrinthèque du site de BiblioRemix

hacker la pédagogie pour faire évoluer la société ?

J’ai adoré l’article de Jean-Marc Manach sur InternetActu Prochaine étape : “hacker” la société de surveillance.

qui replace parfaitement la problématique du droit du citoyen qui est d’être entendu, des responsabilités qui y son associées et des dérives actuelles qui viennent du positionnement que l’on veut donner à la société et qui pour moi est résumé dans le paragraphe :

En mars 1981, Pierre Mauroy, premier ministre socialiste, déclarait que “pour la droite, la première des libertés, c’est la sécurité, pour nous la gauche, la première des sécurités, c’est la liberté. Fin 1997, Jean-Pierre Chevènement, puis Lionel Jospin déclarèrent, a contrario, que “la première des libertés, c’est la sécurité“, signant en cela la victoire idéologique des partisans du tout sécuritaire.

Hacker est donc une forme de résistance salutaire !

Vient donc là-dessus  hier Sabine Blanc sur Owni qui nous propose simplement de « hacker la pédagogie » pour la bonne cause à savoir former des citoyens, et non pas chercher à interdire toute dérive d’adolescent, fût-elle sur facebook. Ici, on est dans des termes plus doux sur le droit à la détente et à l’erreur. Le hack reste bien timide, mais essentiel. Il est dans les mains du pédagogue pour permettre à ses apprenants d’avancer.

Hacker, ou résister au tout sécuritaire serait-il donc le devoir de chacun, mais comme tout mouvement, à son niveau et avec les possibilités que l’on se créée.

Derrière tout cela pointe la nécessité de la créativité (l’article de Jean-Marc Manach s’appuie sur des travaux du designer Geoffrey Dorne et Sabine Blanc cite la si célèbre vidéo TED de Sir Ken Robinson en guise de complément). C’est d’ailleurs amusant que l’on nous dise d’un coté que la créativité sauvera le monde, mais qu’elle ne doit pas s’appliquer sur Internet. Comme si la créativité pouvait être guidée, encadrée, orientée vers des objectifs choisis …

Note : ceci est juste un petit billet pour conserver ces deux références qui peuvent resservir.