Tableau Blanc Interactif : faites le vous-même

Le tableau blanc interactif (TBI) ou tableau numérique interactif est largement apprécié par les eseignants, notamment au collège et au lycée. Cet équipement a été largement subventionné par les communautés locales.

Problèmes, ces équipements sont assez chers, et surtout étaient propriétaires.

Je dis « étaient » car depuis une semaine, une suite logicielle est passée en logiciel libre. Il s’agit de Sankore (ex. Uniboard) qui a été « libéré » pour pouvoir être proposé largement en Afrique. Bonne nouvelle pour tout le monde ! On va pouvoir ainsi imaginer de nouvelles utilisations de ces merveilleux joujoux !

Le code source est effectivement disponible sur une forge. On peut donc imaginer des extensions qui permettraient des nouveaux usages.

Un premier usage intéressant déjà intégré dans l’approche proposée par Sankore, c’est l’aspect communauté de partage qui permet de  partager des ressources, et d’identifier les usages et logiciels adaptés à la plate-forme.

Une question sur laquelle je reviendrai sans doute : comment passer du tableau blanc interactif au tableau blanc collaboratif ?

Mais ce qui me préoccupe aujourd’hui, c’est le matériel. Libérer le logiciel c’est bien, mais si c’est pour obliger à des dépenses importantes en matériel, ce n’est pas encore parfait. Comment faire pour en avoir partout ? pour que l’on puisse les utiliser dans n’importe quel endroit ? Certes des sociétés comme e-beam en proposent des petits, portables et moins chers. Mais que diable, allons au bout de la démarche, libérons le matériel.

Voilà donc un excellent exemple de ce qui devrait être faisable dans n’importe quelle Fablab.

Sous licence « matériel » libre évidemment…

Qui connaitrait un plan libre ? Reste-t-il à développer ? Qui veut se lancer ?

L’article anglais de Wikipedia sur le sujet nous donne en tout cas bien des pistes technologiques…

Le cycle des données du web

Avez vous remarqué que vos données circulent de plus en plus dans Internet ? Qu’elles sont accessibles partout et notamment dans votre mobile, à l’endroit et au moment où vous en avez besoin ? Que vous avez également accès à celles de votre réseau social, ou des internautes en général, au travers de conseils, de notes ? Oui, bien sûr !

Mais tous ces aspects sont ils déconnectés, indépendants ? Non, bien sûr !

Je vous propose de faire le lien entre ces facettes, en faisant une analogie avec une représentation classique, celle du cycle de l’eau.

Cycle de l'eau

cycle de l'eau (Wikimedia commons)

Qu’est ce que l’eau dans Internet ? Qu’est ce qui circule, qui change de nature, se transforme, se regroupe, se sépare, accède partout ? Les données, évidemment. Avec une « petite » différence, c’est qu’elles ont une mémoire, et qu’ils est possible de les marquer pour les différentier les unes des autres.

Aujourd’hui, la donnée peut être acquise depuis n’importe quel équipement électronique de notre entourage. Pour expliquer notre cycle intéressons à une goutte, pardon une information donnée. Disons à la photo que vous venez de prendre du local de votre association. Comme vous utilisez le super mobile offert à Noël, vous pouvez lui adjoindre sa position GPS (on dit géolocaliser), un petit nom … et directement l’envoyer sur Internet dans un silo de données (FlickR, Picasa, Facebook, …il y a le choix).

Les ruisseaux, les rivières, les fleuves qui vont recueillir cette goutte (eh oui, 1 Mo, c’est une goutte) sont les réseaux des opérateurs, (remarquez bien il n’y en a que quelques uns). Ils transportent toutes les données produits de tous les équipements dispersés sur le territoire, vers la mer.

Les mers sont ces silos de données (Google, qui intègre Picasa, étant un océan) qui recueillent toutes ces données mélangées, les laisse reposer et s’accumuler. Physiquement, ce sont les disques des serveurs, regroupés aujourd’hui en fermes de serveurs. Certaines données s’enfonceront au fond des océans, d’autres ressortiront

Étape suivante, l’évaporation. Vous trouvez ? Les moteurs de recherche de chacun de ces silos vont extraire les données sélectionnées, demandées par les nuages qui s’amoncèlent au dessus de la mer.

Là haut, l’analogie marche parfaitement. Qui n’a pas entendu parler de « cloud computing » (ou informatique dans les nuages) qui va effectuer des traitements, regrouper des données, les associer, les analyser, les traiter … et ramener notre goutte d’information vers nous.

Toutes ces données retombent via les multiples services qui sont proposés sur la toile, et comme d’habitude vous pourrez regarder cette pluie (d’informations) en regardant par la fenêtre (de votre navigateur).

Essayons de retrouver notre goutte du départ. Bien sûr, elle apparaît sur notre compte, mais aussi sur une carte, avec celle de vos voisins, ou par tag, etc. Au fait, regardons la carte, elle aussi est composée de données issues du monde réel. Dans le cas d’OpenStreetMap, elles ont été saisies par des utilisateurs comme vous et moi avec leur GPS, envoyées vers un serveur, déposées, retraitées, extraites et regroupées avec notre petite photo. Peut être également, se seront ajoutées les remarques de vos amis, ou de personnes inconnues qui commenteront votre photo, ou son sujet.

Votre téléphone ? Votre ordinateur ? C’est le seau qui recueille l’eau qui coule de la gouttière et qui déborde régulièrement d’informations que vous n’arriverez pas toujours à exploiter.

Si on veut vraiment boucler le cycle et réinjecter notre donnée dans la réalité, il suffit de la retrouver dans votre environnement. Pour comprendre ce retour, regardons les nouvelles applications de réalité augmentée, dont Wikitude est un bon exemple. Sur l’écran de votre téléphone, vous allez pouvoir visualiser votre environnement par la caméra, et dessus se superposent des petits drapeaux qui indiquent les informations disponibles aux endroits que vous regardez ! Demain, ce pourra être intégré dans vos lunettes, ou les informations pourront être déposées directement dans l’environnement.

Et ainsi le cycle est complet. La donnée, la photo a été extraite du monde réel, a effectué un long voyage (moult données sont hébergées aux états unis), et est revenue s’intégrer dans notre environnement, sous forme de réalité augmentée. Entre temps, il a pu lui arriver pas mal de choses, être exploitée par beaucoup de nuages, avant de revenir à sa place originale dans notre environnement.

Ce cycle de données est aujourd’hui balbutiant, mais trouve des applications multiples et est amené à se généraliser. Prenons par exemple l’application WideNoise de la société WideTag, qui via les réseaux sociaux permet de recueillir les niveaux de bruits partout où il y a des personnes avec téléphone mobile et de proposer une carte mondiale des niveaux sonores.

Que pensez vous de cette analogie ? Est-elle claire ? intéressante ?

Fab-Lab : un outil pour apprendre et innover dans un monde durable

Pourquoi s’intéresser aux technologies dans le monde du XXIème siècle ? Le concept du Fab Lab nous donne quelques beaux arguments !

La Fing qui cherche à fédérer un mouvement de Fab Lab en France le définit ainsi :

« Un Fab Lab (abréviation de Fabrication laboratory) est une plate-forme ouverte de création et de prototypage d’objets physiques, « intelligents » ou non. Il s’adresse aux entrepreneurs qui veulent passer plus vite du concept au prototype ; aux designers et aux artistes ; aux étudiants désireux d’expérimenter et d’enrichir leurs connaissances pratiques en électronique, en CFAO, en design ; aux bricoleurs du XXIe siècle… »

Son engagement est le suivant :

« L’innovation ouverte en France a besoin qu’émergent des « Fab Labs ». En coopération avec d’autres acteurs de l’innovation, de la création, de l’éducation et de la recherche et des technologies, la Fing s’engage pour les aider à émerger et se connecter. »

On peut donc voir ces outils technologiques comme support à l’innovation. La maîtrise de ces outils aide donc à être innovant . Cela est d’autant plus vrai que cela aide à s’ancrer dans le réel, à concrétiser une idée.

Si maintenant on regarde un peu plus loin, on s’aperçoit que ce concept est intéressant dans un contexte de développement durable. En effet, il permet d’envisager de rapprocher le lieu de production du lieu de consommation, puisqu’il devient possible de produire artisanalement des objets sophistiqués. Il créé du lien entre des utilisateurs du monde entier, et vous permet donc de mettre à disposition et de collaborer avec tout type de personnes, pour permettre de résoudre rapidement et localement tout type de problème dans des contrées reculées. Vous voulez pouvoir participer au mouvement du développement durable ? Apprenez-à utiliser les outils de production, qu’ils soient mécaniques, électroniques ou informatique.

Et si on revient à mon idée d’Apprendre via les objets, ou aux nombreuses idées de Bruce Sterling sur le web des objets dans son livre Shaping Things (traduit par Daniel Kaplan sous le titre Objets bavards), il est intéressant de pouvoir passer de la compréhension à la construction et à l’évolution d’objets existants. Là encore, si on veut retrouver la dimension du bricolage pour comprendre, le Fab Lab est un excellent support.

Au fait, Shaping Things est édité par le MIT, le Fab Lab est un programme issu du Center for Bits and Atoms, (CBA) du MIT.

Internet du Futur

Dans le cadre d’une réflexion sur l’Internet du futur proposée par le gouvernement, mon laboratoire se penchera sur le sujet au cours de son prochain séminaire. Cette réflexion semble déjà bien engagée si l’on consulte un peu le questionnaire et son document d’accompagnement. On peut d’ailleurs légitimement se demander à qui s’adresse la consultation publique vu le genre de questions posées (Présentez les équipes et moyens que vous dédiez (ou pensez dédier à court et moyen terme) à chacun des thèmes liés à l’Internet du Futur et compléter autant que de besoin le tableau présent à l’Annexe 1. Quels sont, pour votre entité, les thèmes prioritaires ? ou Quelle part consacrez-vous à la recherche incrémentale et à la recherche disruptive sur ce sujet ?). Il serait sympathique de le préciser …. en tout cas ce ne semble pas être dédié au citoyen de base, ni même au chercheur de base.

Bon, malgré tout je peux répondre à la question 1. La suite se fera à un niveau plus haut que le mien. Allons-y en vue de ce prochain séminaire :

A l’horizon 2015-2020, quels sont les principaux nouveaux services, usages et applications qui viendront redéfinir le fonctionnement et l’utilisation de l’Internet dans vos domaines d’activité ?

Une intégration de la dimension numérique (données actuelles et du cycle de vie) dans les objets du quotidien (internet des objets) couplée avec une généralisation de la gestion des liens entre entités et information (web sémantique) introduit une version intégralement distribué des l’information (pair à pair). Une généralisation de l’accès et de la production d’information

Cette extension va amplifier la possibilité de mieux comprendre notre environnement et comment développer de nouveaux systèmes, de collaborer et d’apprendre !

en tant qu’enseignant en école d’ingénieurs, cela va changer notre manière d’aborder le monde et la formation.

Quel peut-être l’impact économique de ces évolutions ?

Comme le souligne le site de préparation d’Autrans 2010, entre autres : il va être nécessaire de redéfinir totalement les modèles économiques. Cela est par ailleurs indispensable pour pouvoir repenser notre rapport au monde et donc pouvoir répondre aux défis du développement durable.

Quelles opportunités et quels risques anticipez-vous dans le cadre de vos activités ?

Opportunités : pouvoir permettre une meilleure appropriation de notre environnement qui permette une revalorisation intellectuelle du métier d’ingénieur. Permettre un engagement de nos élèves dans leur formation et dans leur compréhension des problèmes.

Risques : un éclatement des institutions d’enseignement et du rôle de l’enseignant, diluant et réduisant l’accompagnement à la maturité intellectuelle des jeunes. Ce risque est d’autant plus important que l’éducation nationale (dont je ne fais pas partie) ne s’approprie que trop peu Internet et qu’au contraire elle se sanctuarise.

Dans ce contexte, quels facteurs auront le plus d’impact dans la redéfinition de l’Internet et de son architecture ?

L’important est de permettre un accès le plus libre et le plus transparent possible aux données pour permettre la formation, l’appropriation et l’amélioration de tous les champs de connaissance.

Quelles éventuelles nouvelles formes celle-ci peut-elle prendre ? Quels sont les verrous à lever ?

Celle-ci se rapporte à quoi : architecture ? Les 2 extrèmes sont Pair à pair ou centralisée.  Le risque est de tendre vers le pôle centralisé, l’opportunité est de tendre vers la plus grande répartition possible

Verrous à lever :

  • la confusion entre pirate (usage) et technique (partage et lien entre ordinateurs) : cela au niveau juridique et par ricochet au niveau opérateur
  • l’autonomie des équipements (adaptation dynamique, reconfiguration ,évolution …)
  • la rapidité d’accès à l’information
  • la gestion de la redondance et la synchronisation
  • l’interopérabilité


Internet des Objets

Daniel Kaplan en parle enfin dans son 3ème opus sur le sujet :

Repenser l’internet des objets (3/3) : Industrialiser l’internet ou internetiser l’industrie ?

Il s’agit bien des objets qui ont une vie numérique depuis l’idée jusqu’au démantèlement (même si ce n’est pas abordé dans l’article, le fait d’avoir à disposition toutes les infos nécessaires permet de l’envisager), avec une interrogation possible durant sa vie opérationnelle. Un objet  interopérable, ouvert, à vocation collaborative.

« Un bon spime est à la fois plus complexe que ce qu’exigerait son usage premier (”trop” riche en fonctions) et jamais fini. Il se présente comme “un projet technologique ouvert dont l’évolution est déléguée à ses utilisateurs finaux.” » Cela ressemble furieusement à tous ces services « web2.0 » que l’on s’approprie, que l’on détourne pour son usage personnel.

Autant l’ article précédent me faisait penser au web1.0 (le contenu statique, contrôlé par quelques uns), voire la tentative de l’industrie d’utiliser Internet comme un réseau fermé équivalent à ceux qu’elle a l’habitude de déployer, autant dans cet article on est bien dans la dimension participative dans les objets. Les deux modèles cohabiteront sans doute, et correspondent à des usages différents.

En termes d’innovation, ce qui est important c’est bien l’Internet des objets au sens ouverture, participation, collaboration, données exploitables et liens possibles. Ce que nous en ferons ? Nous verrons bien, de nouveaux usages verront le jour. En plus cela permet l’action locale dans un monde global. Et si cela conduit à améliorer la planète et le quotidien, tant mieux !

Y-a-t-il des clubs de spimeurs en France ?

Et décidément, comment vont évoluer les métiers de l’ingénierie et de l’informatique dans ces changements annoncés ?