Sur des nouveaux outils pour enseigner le langage C en ligne

L’équipe des MOOC sur le langage C (MOOC le plus innovant de l’année) nous a invité à découvrir les outils qu’elle a développés pour améliorer l’apprentissage du langage C. Le principe de base est que beaucoup de choses peuvent s’exécuter depuis ou mieux dans le navigateur, en tout cas tout ce qui est nécessaire pour apprendre, pour rendre la prise en main la plus simple possible pour l’apprenant.

Trois outils complémentaires, élégants et originaux ont été intégrés, tous basés sur du logiciel libre :

  • codecast, qui permet d’enregistrer la voix et l’éditeur du prof, mais en redonnant la main à l’apprenant directement sur le code quand il le désire. C’est un vrai plus par rapport aux screencasts classiques, puisqu’il est possible de pousser le professeur et de faire à sa place. J’adore ;
  • taskgrader, qui permet d’éditer, compiler et valider du code, et donc d’évaluer l’apprenant. Cet outil permet donc à l’étudiant de faire du code et d’avoir un retour sur son code. Là encore, on donne la main à l’étudiant. C’est une technologie que l’on a déjà vu dans d’autres MOOC ou formations en ligne (codecademy, khan academy, mais donc aussi France IOI…), mais ici le compilateur C est intégré ce qui est original. Le choix est également de montrer la différence par rapport à ce qui est attendu plutôt que de laisser un environnement d’affichage libre ;
  • weblinux, permet d’avoir un environnement linux directement dans son navigateur, qui permet de développer du code C et de le tester sur un véritable système d’exploitation.

Bref, il est donc possible d’embarquer dans un navigateur un environnement de développement avec son compilateur (codecast) et sa machine cible d’exécution (weblinux), ce qui rend l’apprentissage plus simple, hors de toute contrainte liée à l’ordinateur sur lequel on apprend.

On doit ces développements à Rémi Sharrock et à l’association France IOI qui promeut l’apprentissage du code et de l’algorithmique, avec Mathias Hiron notamment.

D’un point de vue plus technique, cela a été pour moi une bonne mise à niveau. Un navigateur est bien devenu un système à part entière dans lequel il est possible de faire exécuter ce que l’on veut : un compilateur, un système d’exploitation (tournant lui même sur un émulateur de processeur OpenRisc, c’est le projet libre jor1k) comprenant les outils linux qu’on voudra y adjoindre. Les outils d’évaluation de code sont par contre plus classiquement déportés sur des serveurs cloud, mais là aussi le projet taskgrader est accessible et open source. Par contre, ce code est prévu pour tourner sur des services clouds spécifiques. Il est intégré dans les MOOC via l’interface classique LTI, classique dans ce contexte.

Le couplage d’un outil interactif et d’un enregistreur ne semble pas être très difficile à développer, mais l’idée est très séduisante pour renforcer la capacité d’interagir de l’apprenant. Nos présentateurs ne se sont pas étendus sur la chose.

Après cela vous serez prêts à utiliser un environnement intégré dans votre navigateur comme cloud9, sur lequel les outils ci-dessus se sont inspirés en intégrant des fonctionnalités pour accompagner l’apprenant. Mais si vous êtes débutant en programmation, n’hésitez pas à utiliser ces outils en vous inscrivant sur le MOOC « ABC d langage C »,  les enseignants sont des super développeurs et des super pédagogues.

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Scoledge, un environnement d’apprentissage orienté flux, et ça change tout

 

Scoledge est une toute jeune startup, qui renouvelle les environnements d’apprentissage, en privilégiant le flux des échanges sur les contenus. Cela veut dire en clair que le centre de l’interface est un mur comme celui que l’on trouve dans les différents environnements sociaux. D’après les créateurs de cet environnement, c’est parce que cela correspond aux habitudes des jeunes (dont ils font clairement partie). C’est un environnement pour la génération Faceboook. A priori, cela incite à interagir avec les autres membres du réseau, ce qui est indubitablement un des points faibles de tous les environnements d’apprentissage et autres LMS des écoles aux universités. Rien que pour cela, vous devriez allez regarder ce petit bijou.

Si vous regardez les fonctionnalités proposées (remise de devoirs, calendrier, espaces de cours, partage de fichiers, gestion de classes, gestion des absences), vous pouvez avoir deux points de vue. Si vous vous considérez comme habitué des systèmes classiques, vous trouverez sans doute que celles-ci ne sont ni nouvelles, ni aussi puissantes que sur d’autres plate-formes (mais qui utilise toutes les fonctionnalités de quelque logiciel que ce soit). Mais si vous prenez un point de vue utilisateur, vous apprécierez la qualité de l’expérience utilisateur, digne des plate-formes les plus modernes. Ce qui ne gâte rien, il existe déjà une version mobile.

a0dba05d86d6a7aae451b33b39b81517D’ailleurs, quand on voit leur interface, on pense inévitablement à Slack, l’outil phare pour la collaboration dans les projets, et ce n’est sûrement pas par hasard. Étant moi-même en train de tester slack en formation, je peux confirmer que les étudiants adhèrent.

Educpros les as mis dans leurs 10 start-up EdTech à suivre. C’est en tout cas une proposition nouvelle dans ce créneau des environnements d’apprentissage, très différent du positionnement d’autres plateformes d’apprentissage comme speach-me, ou autres Moodle. Et c’est une réponse par des étudiants à la question de Thot de savoir si c’est une simple mode. Le web, ce sont le flux et la conversation avant tout. C’est à dire social.

Mise à jour du 21/11/2017 : Comme toute startup, Scoledge évolue, effectue des pivots pour mieux exploiter sa valeur ajoutée. Son nouveau nom est donc Atolia, pour proposer ses services non seulement à l’éducation, mais aussi aux entreprises en leur proposant une plateforme permettant une collaboration simplifiée.

 

Crédit photo : copie d’écran extraite du site de Scoledge … en espérant qu’ils me le pardonneront.

Inventer l’éducation supérieure du XXIème siècle

Joli titre. C’est celui de l’axe 4 du récent rapport de la stratégie nationale du supérieur (StraNES) . Cette stratégie a pour ambition de définir des objectifs à 10 ans pour l’enseignement supérieur, et est la conclusion d’un processus sérieux et documenté. S’il touche tous les volets de l’enseignement supérieur, c’est bien ce quatrième axe qui se focalise sur l’éducation proprement dite et qui doit guider l’évolution des enseignements et des cursus. On y trouve sur ce sujet 5 propositions, qui se veulent à la fois ambitieuses et réalisables, parmi les 40 que compte le rapport.

La premier point (ou proposition 16 dans la numérotation du rapport) vise à développer les pédagogies actives, pour proposer 25% d’un cursus sous forme de pédagogie par projet, actives, ou d’apprentissage hors cursus. Dans un cursus de formation d’ingénieurs, c’est un taux largement dépassé, si on considère les différentes activités en pédagogie active et les périodes de stage. Notons néanmoins que pour qu’une telle pédagogie soit effectivement efficace pour les étudiants, il faut un accompagnement de qualité qui repose beaucoup de questions sur la reconnaissance des différentes activités de l’enseignant (et donc les moyens humains correspondants), la formation des enseignants à un autre type de posture (tuteur, accompagnateur, … les définitions sont bien connues mais différemment assimilées suivant les lieux), mais également sur la dynamique d’équipe qui doit être créée et entretenue. En même temps cela ne concerne pas tous les enseignants, il faut donc juste arriver à mobiliser, à motiver une frange du corps enseignant.

Pourquoi pas si on arrive à faire de l’enseignement une activité valorisée du métier de l’enseignant chercheur. Malheureusement, c’est un peu le serpent de mer dans l’enseignement supérieur, le dernier avatar étant le rapport de Claude Bertrand qui n’a pas eu d’impact visible.

La seconde proposition vise à prévoir l’usage systématique du numérique dans la formation et l’évaluation des étudiants. Si l’usage dans la formation est maintenant bien établi, il est intéressant de l’institutionnaliser. L’accès à Internet dans le cadre des examens semble par contre ambitieux, voire en rupture, tant cela oblige à repenser la manière dont on construit l’évaluation.

Là aussi, il y a un cadre à créer mais c’est un très bel objectif. Et pour le coup, j’ai l’impression que nous en sommes tous assez loin. Une question sous-jacente est sans doute la question des moyens de correction qu’il faudra mettre en regard. Autrement dit, pourra-t-on poser des questions qui nécessiteront une réflexion plus approfondie de la part des étudiants sans que l’effort de correction ne soit démultiplié ? Sinon, se posera encore une fois une question de moyens… Bref des beaux débats en perspective, sur la nature des activités d’évaluation, sur la gestion technique de la communication durant les examens (car Internet, ce n’est pas qu’une extraordinaire bibliothèque, c’est aussi un moyen de communication de de co-production), et sur les modes de correction des copies.

La troisième proposition développer les ressources numériques et l’éditorialisation des savoirs, me semble déjà engagée en soi. Elle soulève néanmoins un sous point qui est la question de développer un outil d’aide à la décision des différents acteurs (étudiants, enseignants-chercheurs, administrateurs), permettant de suivre les parcours des étudiants. Le regroupement peut sembler étonnant tant cet outil devrait être un support à la proposition suivante. Espérons qu’il ne s’agit pas de déléguer cette proposition à des services techniques, car il y a des débats citoyens à avoir pour ne pas se faire enfermer dans des choix qui pourraient s’avérer bloquants.

Autour de cet outil, Il y a deux éléments clés : d’une part la gestion des données et l’analyse de celles-ci dans une perspective de big data, et d’autre part la nécessité que ce système soit suffisamment ouvert pour permettre un suivi au delà d’un seul établissement. Deux options sont alors possible : soit l’émergence d’un système centralisé qui risque d’être long à mettre en place et peu souple à l’usage, soit au contraire en profiter pour promouvoir les dynamiques de type self data. Dans ce type de dynamiques, l’individu est maître de ses données, ce qui serait en phase avec la volonté de rendre l’étudiant acteur de sa formation. Une expérimentation en ce sens serait sans doute un premier pas intéressant.

En phase avec la première proposition, la quatrième proposition (ou 19 suivant comment on compte) veut favoriser l’agilité, l’innovation pédagogique et la « culture du Oui », à la fois en reconnaissant à l’étudiant la possibilité d’imaginer un parcours à la carte, et en encourageant l’enseignant à l’expérimentation. J’y vois pour l’étudiant la possibilité de choisir des formations en ligne ou de s’inscrire dans un autre établissement pour y suivre un enseignement qu’il juge plus pertinent. Le numérique joue donc potentiellement un rôle de facilitateur, permettant à l’étudiant de suivre un cours d’une autre université à distance, ou de son université de rattachement (si cette notion fait encore sens) pendant qu’il se déplace sur un site lui permettant de développer un projet dans un contexte favorable.

On est ici dans une rupture équivalente à celle d’autoriser l’utilisation d’internet dans le cadre des examens. Cela semble possible, porteur de potentialités nouvelles, pouvant redéfinir la structure des cursus, mais absolument pas encore envisagé ni par le corps enseignant, ni par l’administration. J’ai même l’impression que cela vient en contradiction avec l’approche majoritaire qui veut pouvoir assurer la formation des étudiants.

La dernière proposition visant à prendre appui sur la recherche pour faire évoluer la pédagogie et les processus d’apprentissage est évidemment citée, et mériterait un article complet sur les raisons d’une telle affirmation, sur la répétition de cet enjeu dans tous les rapports, sur la difficulté de coupler des programmes de recherche et l’encouragement à l’expérimentation, sur la non répétabilité des résultats, sur la question de la diffusion …

Il y a donc 2 avancées potentielles dans ces propositions: l’utilisation d’internet pour les examens et la notion de parcours à la carte. Elles semblent en phase avec la culture du XXIème siècle, et permettent de l’infuser à des points clés de notre système de formation pour pouvoir le faire évoluer dans son entier. Clairement cela ne pourra se faire qu’au travers d’une démarche d’innovation, mais aussi en bousculant les modèles et les structures.

Crédit photo : Free Internet par ToGa Wanderings – licence CC-by

Un MOOCamp pour l’école des communs au Forum des usages coopératifs

Comme mise en bouche pour le Forum des usages coopératifs, nous vous proposons de venir imaginer et scénariser les premiers MOOC autour d’une école des communs le 1er juillet à Brest.

C’est quoi un MOOCamp ?

Tous faiseurs de MOOC : Proposer, imaginer, scénariser des nouveaux MOOC en une journée, c’est l’objet du MOOCamp Day. Sur le modèle des barcamp et autres journées d’innovation, dans lesquelles tous les présents participent, le déroulement de la journée suit un schéma efficace : présentation de sujets de MOOC proposés par des participants et vote par l’assistance, puis ateliers de brainstorming et de construction impliquant tous les participants. La formule a été proposée par SenseSchool qui partage sa méthodologie, et c’est une excellente manière de transformer l’éducation.

La formule MOOCamp a déjà été jouée deux fois avec succès dans le cadre de l’initiative France Université Numérique. Il est donc temps de lui proposer d’autres horizons. Le cadre du Forum des usages coopératifs est naturel pour un telle ouverture, avec son motto « la coopération en action ». Ce Off constituera donc une excellente introduction à la session « L’école contributive » !

Pourquoi l’école des communs ?

Cette formule d’école des communs reprend les valeurs du forum. Autour des biens communs, il y a la notion d’éducation, de partage de valeurs et de savoirs bien de la contribution. Pour imaginer des formations citoyennes, pour proposer des formations accessibles à tous portées par des collectifs, le MOOC, Cours Ouvert à Tous en ligne et Massif est une option qui semble porteuse dans la droite ligne d’une initiative comme l’Université Pair à Pair (P2PU).

Vous cherchez un exemple ? Le MOOC sur les Ressources Éducatives Libres proposé au printemps est d’une certaine manière fondateur. Vous cherchez des thématiques ? Le programme du Forum en regorge. À titre d’inspiration, je vous propose également un point de vue de Christine Vaufrey : Les MOOC d’équipe débarquent ! N’hésitez par à venir partager votre passion et proposer votre sujet, quel qu’il soit, l’école des communs est ouverte.

Un tout petit peu d’organisation.

Vous êtes intéressé ?Vous comptez venir ? Proposer un sujet à explorer ensemble ? Vous pouvez vous inscrire sur ce formulaire en ligne, ou amender la page wiki du MOOCamp.

La journée aura un déroulement classique : rendez-vous 14:00 – proposition de sujets et vote – travail en ateliers de brainstorming puis de consolidation – en fin de journée : présentation, vote et acclamation des sujets travaillés dans la journée – avant de rejoindre l’apéro coopératif de nos régions proposé dans le cadre du forum des usages, et de découvrir le programme de la soirée.

 

Crédit photo : T Shirt clicc par Sylvain Naudin – licence CC-by-sa

Opportunité pour la motivation et pour la formation tout au long de la vie : les badges ouverts

Jusqu’à présent, on pouvait gagner des badges dans un jeu, sur un site précis, pour le fun ou pour la gagne. Et puis, si on voulait faire quelque chose d’équivalent ailleurs, il ne nous restait plus qu’à recommencer.

Moins facile à obtenir, un diplôme ou un certificat, donne droit à un document unique, dont il est difficile (voire impossible) d’obtenir une copie. Pour pouvoir démarrer, il est nécessaire de passer par une évaluation des diplômes précédents. Pour obtenir des crédits dans une autre université, il est nécessaire de faire valider son parcours par son université d’origine.

Ensuite, la validation des connaissances ultérieures s’avère compliquée, et la formation tout au long de la vie (FTLV) pourtant affirmée comme indispensable dans le cadre d’un rallongement des carrières, passe souvent par un processus complexe.

Aucun rapport entre tout cela ? Et pourtant, il s’agit bien de valider par un organisme extérieur l’acquisition de connaissances, voire de compétences et de pouvoir les valoriser auprès de tiers pour continuer Son parcours propre (et librement choisi).

Pour faciliter cette construction, pour permettre à chaque institution, à chaque site de proposer des badges (cela recouvre aussi bien un passage de niveau dans un jeu, qu’un niveau d’acquisition de connaissances sur un site didactique, qu’une UV ou un diplôme dans une université prestigieuse), la fondation Mozilla propose Open Badges, une infrastructure complète, ouverte et décentralisée permettant aux institutions et aux sites de délivrer des badges et de les valider, aux personnes de les accumuler, et de les afficher.

On voit bien l’intérêt pour permettre aux personnes de se construire des courses au trésor de badges, facteur de motivation reconnu auprès des jeunes. L’aspect ludique, validation d’acquisition avec des retours tangibles est une option intéressante pour outiller l’évaluation formative et la ludifier. En tout cas dans le domaine de l’apprentissage de la programmations cela marche, avec 500 000 inscrits en un mois à la Codacademy. C’est un facteur de motivation étonnant pour nos jeunes.

De manière plus professionnelle pour permettre de développer ses compétences tout au long de la vie, l’idée est également séduisante. Une telle infrastructure doit permettre à chacun de valoriser des parcours plus personnels, et de les justifier auprès d’employeurs potentiels. Cela devrait permettre à terme d’ouvrir les curriculums pour plus de flexibilité, de faciliter les équivalences internationales, et de permettre de valider simplement les acquis.

On peut également imaginer des sites de validation et de certification indépendants. Smarterer en est un prototype, en permettant des valider des connaissances d’outils du Web qui peuvent intéresser des entreprises (en tout cas, c’est leur discours: « show what you know »). La question de la reconnaissance sera centrale, dès les effets de mode et d’essai passés.

J’avoue que l’idée de mélanger médailles de jeu, et diplômes dans le même pot commun m’a fait tout drôle et en suivant les différents liens sur les OpenBadges, j’ai parfois eu l’impression de tomber sur des jeux (sérieux;-) ) pour gamins. Mais après tout pourquoi pas, le Web regorge de systèmes où l’on trouve de tout, les croisements permettant d’ouvrir de nouvelles opportunités.

Bien entendu, cela n’empêchera pas de construire des portfolios, pour valoriser des expériences plus personnelles, et professionnelles, tout en mettant de l’humain dans le système.

Si vous êtes tentés, il est d’ores et déjà possible de délivrer des badges (voir : Open Badges: Want to Make Your Own Badges by Hand? Here’s How). Les pin’s numériques vont ils devenir à la mode ? Quand on voit le succès des twibbons affichés pour toute sorte de cause, on peut le penser. Surtout si ces insignes font sens.

Un vraie opportunité pour soutenir la motivation, une solution ouverte pour la certification tout au long de la vie, un moyen pour les institutions de se faire reconnaître. Une bonne solution technologique qui peut devenir une cause à soutenir.

Crédits photos :

Techlaration badge par Lucius Kwok – licence CC-by-sa

Badges & pins par david roessli – licence CC-by-nc-sa

Des mobiles aux objets : Internet pour apprendre

Depuis quelques années, mon école se fait un plaisir d’accueillir pendant une semaine des élèves de CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles). Cette année nous avons ainsi accueilli  des élèves du lycée Gustave Eiffel (Bordeaux) et Lakanal (Sceaux).  On m’a gentiment demandé de leur faire une présentation pendant une heure, au milieu d’un programme chargé (visites de labos, moment de détente, mais aussi travail avec leurs propres enseignants). Sachant qu’un collègue leur faisait une présentation dont l’intention était de leur montrer que ce qu’ils apprenaient actuellement leur servirait plus tard en école d’ingénieurs, pour compléter son point de vue, je me suis amusé à prendre le contre pied en leur montrant en quoi le numérique  modifiait les façons d’apprendre et les objectifs d’une formation d’ingénieurs.

Cela donne ceci :

Des mobiles aux objets : Internet pour apprendre.

L’échange en tout cas a été très sympathique 🙂

Apprendre à programmer ? C’est en ligne

Impressionnant le nombre de cours en ligne pour apprendre à programmer :

  • la codeschool propose des formations courtes et amusantes : Rail for Zombies en est un titre particulièrement accrocheur et gratuit Mais ce n’est pas le cas pour les autres cours, qui eux sont payants ;
  • le site du zéro regorge de tutoriels en français et est bien connu des étudiants ;
  • il est courant de trouver des tutoriels en ligne pour un langage, un environnement de développement qui sont souvent aussi bien fait (voire mieux et en tout cas plus souvent mis à jour) que les livres que l’on trouve dans les librairies. Par exemple, les site de développeurs android est auto-suffisant pour quelqu’un qui maîtrise un langage de type Java (qui lui même peut s’apprendre en ligne …).

Mais si vous désirez aller plus loin, pourquoi ne pas s’inscrire dans un vrai cours, à l’université ?

Vous êtes difficile et souhaitez une véritable université, voire un certificat ou un diplôme ? Pas de problème :

  • Udacity vous propose des cours terriblement modernes : « construire son moteur de recherche », « programmer une voiture autonome » … proposé par des professeurs ou des professionnels renommés (David Evans en grand organisateur), avec examen et évaluation à l’américaine ; c’est libre et issu de la côte ouest (Google, Palo Alto, Stanford, Virginia U …), et cela attire des dizaines de milliers d’étudiants ;
  • Coursera propose plusieurs cours issus d’universités reconnues (Satnford, Berkeley, Michigan) mais ne propose pas de credits : Model thinking, design and analysis of Algorithms.  on est bien au delà de la programmation ;
  • le MIT nous annonce son initiative MITx pour très bientôt, mais pour le moment seul un cours d’électronique est proposé, à suivre.

Quatre petites remarques pour finir :

  • au début de cette année, il y a eu plusieurs échanges sur l’importance de savoir coder au XXIème siècle: je retiens par exemple Les codeurs sont la nouvelle élite politique sur Framablog. Beaucoup de voix s’élèvent pour dire que cela fait partie de notre culture, de notre citoyenneté ;
  • Pour le coup, il y a un cours d’informatique (au sens scientifique : représentation de l’information, architecture, programmation, algorithmique, …) qui se met en place en terminale. Insuffisant pour certains (cela ne concerne qu’une option pour l’instant) un renouveau pour d’autres, un pas dans le bon sens en tout cas. Ma question est de savoir comment ces cours s’articuleront avec toutes ces ressources en ligne. S’appuieront-ils dessus ou les ignoreront-ils comme l’ensemble de l’éducation nationale ignore encore wikipédia, première ressource des tous les élèves à la maison (avec raison) ;
  • Au niveau de l’université (de l’enseignement supérieur) quel impact ? Ici aussi on a tendance à ignorer ce qui se fait en ligne. Et pourtant, quel confort de s’appuyer sur de telles ressources pour amener les étudiants à de vrais problèmes. C’est une des raisons pour lesquelles un cours comme le CodeCamp est si dynamique. On s’appuie sur les ressources android et du coup on peut parler d’idées, d’organisation de code, de réutilisation, bref d’informatique et non pas de syntaxe ;
  • Un autre modèle possible (c’est en tout cas celui que voit presse-citron) serait une uniformisation des cours, au travers d’une industrialisation/standardisation liée à ces cours en ligne massifs qui pourraient délivrer des crédits. Cela ne peut donner que des cours de base. Quel modèle d’université en découlera : à 2 vitesses, au rabais, ou se concentrant sur des compétences de haut niveau, laissant les étudiants apprendre de manière autonome certains champs de connaissance ?

PS : ressources complémentaires bienvenues

Crédit photo : Northern Voice 2009 Program Committee par Cyprien licence CC-by-nc-sa

Médias sociaux : on y va ? participons !

Le débat autour d’Internet tourne souvent autour de la vacuité des échanges qui s’y déroulent et sur les dangers supposés. Discours de rejet, de crainte, d’attentisme. Mais est-il vraiment fondé ?

Slate nous montre que non dans son plaidoyer : Fuyez les livres, fuyez l’école, fuyez Facebook! En montrant que c’est la même dialectique qui a été utilisée lors de l’avènement de l’imprimerie, et qu’elle ne s’appuie sur aucun résultat tangible. (NdA : je suis preneur d’autres références dans la même veine).

Owni a proposé un blog « pedagogeek » qui regroupe quelques résultats intéressants montrant que finalement Internet est plutôt plus sûr que la rue, et que les jeunes y ont besoin d’accompagnement plutôt que de mises en garde édictées par la préfecture ou le diocèse.

Et ils y vont, car cela correspond à leur modernité. Voir : Comment les jeunes vivent-ils et apprennent-ils avec les nouveaux médias ? Qui nous permet de comprendre les mécanismes sociaux à l’œuvre.

Positivons donc, en ayant conscience des limites et des changements en cours, mais sans nous bloquer. Faisons nous plutôt avocat de l’ange en identifiant les possibles plutôt que les obstacles, comme le dit François Bocquet dans sa conférence sur la mobiquité. Convainquons nous qu’il est urgent de repenser notre rapport aux jeunes, en tant que parents, qu’enseignant. Et partageons, collaborons, entre adultes, avec les jeunes. Faisons le pari de l’intelligence collective. Apprenons à respecter les différences de rythmes, de style.

Et si comme moi,vous faites partie de l’enseignement supérieur, que vous soyez hésitants ou convaincus qu’il faut accompagner les nouveaux entrants, allez au barcamp à Sèvres « Pratiques de l’Internet Participatif et des médias sociaux dans l’Enseignement supérieur » (j’ai une majuscule de plus que sur le site, et j’y tiens;-)) du 6 au 9 décembre. Ou au moins ouvrez un compte twitter pour suivre les débats (hasthtag #ms_sevres11 et compte @ms_ens_sup).

Crédit photo :  Effets des médias sociaux sur la mémorisation par Relief2010, licence CC-by-nc-sa

 

Mon EAP à moi

EAP ? Environnement d’apprentissage Personnel. C’est un angle d’attaque. J’aurai pu appeler cela mon environnement de production personnel et social, ou mon environnemnent personnel de gestion de la connaissance.  Cela correspond finalement à la même chose dans la société du XXIème siècle : j’apprends,  je gère mes connaissances, je produis, le tout dans un univers de partage.

Impressionnant le nombre d’articles, de pages, de cartes mentales qui parlent de l’environnement personnel de chacun. J’ai failli faire le mien mais je me suis arrêté en me demandant ce que cela apporterait. Du coup ce billet de ma série autour de S’organiser grâce aux environnements numériques va prendre une forme différente.

Revue partielle :

Quelques remarques qu’il ne me semble pas retrouver partout :

  • s’organiser en ayant une vue cohérente de tout cela. Un exercice intéressant pour soi et pour les autres est de construire l’agrégat de sa vie numérique. J’ai joué avec FriendFeed pour cela (mais google plus n’y est pas encore référencé). Un certain nombre de personnes suivent mas activités par ce biais semble-t-il ;
  • se construire sa base de connaissance (notamment au travers de mots-clés, on dit tags) pour pouvoir s’y retrouver. Là j’avoue que j’ai des marges de progrès, même sans parler d’ontologie ;
  • un EAP se construit petit à petit et évolue. En fonction de l’évolution de ses méthodes de travail, de ses intérêts (toutes les communautés, les personnes ne travaillent pas de la même manière, ni ne fréquentent les mêmes réseaux sociaux), de ses outils (quand j’achète une tablette, je veux communiquer avec elle. Quand une alternative libre de doodle apparaît, je peux me laisser tenter), de ses (re)découvertes puisque des outils apparaissent (et disparaissent) régulièrement ;
  • j’apprécie aujourd’hui l’articulation d’outils qui sont accessibles au travers de différentes plate formes matérielles de manière transparente. Le fait de prendre des photos (souvent un tableau blanc, ou une posture) sur son smartphone, sa tablette et les retrouver regroupées automatiquement via Instant Upload (fonction Google) dans son environnement Google est très confortable. L’idée de faire un dessin via Skitch sur sa tablette, l’annoter par Evernote et continuer à compléter cette note sur son portable permet de tirer parti des avantages de chacun des équipements disponibles. Et finalement, pouvoir accéder à toutes ces données depuis n’importe quel navigateur permet de se sentir partout chez soi. Cela fait un peu riche aujourd’hui d’annoncer de disposer d’un PC, d’une tablette et d’un smartphone. Mais à y regarder d’un peu près, c’est sans doute une tendance de fond naturelle.

S’organiser son EAP, c’est accepter de se voir évoluer. Cela ne veut pas non plus dire que l’on abandonne ses outils locaux. Ce billet a été commencé sur Evernote qui me sert de brouillon, mais continué sur OpenOffice sur mon PC, qui conserve moult outils de bureautique et de développement. EAP ne rime pas avec tout cloud comme certains peuvent sembler le faire croire.

crédit photo : My PLE par vilsrip – licence CC-by-nc-sa

Evernote, cahier de notes multi usages trans-plate-formes

Après avoir reçu une superbe tablette Galaxy Samsung à Ludovia2011, j’ai cherché les meilleurs outils pour pouvoir l’utiliser. Et j’ai retrouvé Evernote, qui sur les tablettes se voit accompagné d’un outil de dessin (skitch) ma foi fort pratique. Et comme souvent les informations arrivent par rafale, le bulletin d’Evernote m’a proposé des articles très intéressants sur l’usage d’Evernote par des étudiants. Dans la série S’organiser grâce aux environnements numériques, voici donc un scénario plutôt basé outil pour l’étudiant qui suit des cours.

Le couplage croquis / texte est particulièrement plaisant sur la tablette, cela m’a permis de construire plus rapidement l’article .

Parmi les autres points particulièrement séduisants d’Evernote, j’en note 3 :

  • la capacité de mixer des sources très différentes (lien web, extraits de pages web, croquis, photos, enregistrement sonore) bref de noter rapidement et de n’importe quelle manière tout ce qui nous paraît important ou ce qui nous passe par la tête sur le moment, et le tout dans le même cahier de notes numérique.
  • Le fait qu’il soit disponible sur n’importe quelle plateforme : PC, web, smartphone, tablette, ce qui rend possible la récupération de notes de n’importe où, de n’importe quoi, à n’importe quel moment et de le retravailler ensuite sur l’équipement qui vous tombe sous la main ;
  • les capacités de classement de ces notes : par date, par tags, par classeur, par tâche … qui s’adaptent aux méthodes de chacun ;

Et du coup, passant d’une plateforme à une autre j’ai commencé à l’utiliser de manière régulière depuis un mois. Par contre, je le vois comme un carnet personnel, et je continue à effecuter mes partages par d’autres canaux (dont mon blog).

Mais surtout, ce qui a attiré mon attention c’est l’article suivant Student Ryan Kessler Transformed His Workflow, Raised His GPA and Left His Textbooks at Home (Back-to-School Series), ce qui peut se traduire en français par « comment l’étudiant Ryan a transformé sa manière de travailler, amélioré ses résultats, et laissé ses livres de cours à la maison » (le GPA intéresse particulièrement nos élèves à Télécom Bretagne, car c’est ce que regardent nos partenaires internationaux qui accueillent des élèves en semestre d’études à l’étranger). Pour faire simple, ce garçon utilise Evernote :

  • pour prendre des notes en cours. Mais ces notes sont enrichies par des photos des tableaux, de notes manuscrites, d’enregistrements audio (pour les cours de langue). La fonction photo de son téléphone lui sert de scanner généralisé. Je fais cela depuis longtemps, et l’intègre ensuite dans mes compte rendus, mais ici cela devient naturellement couplé.
  • pour s’organiser. Il a ainsi un répertoire par cours, ce qui facilite son classement. Grâce au système de tâches, il peut organiser son travail.  Il utilise les facilités d’evernote pour s’organiser avec ses partenaires de projets en partageant des notes et en communiquant au travers de l’adresse courriel d’Evernote. Tout reste ainsi groupé et facilite le classement.
  • et ainsi il peut voyager léger. Tout est dans son téléphone. Il a ainsi pris l’habitude de scanner des extraits de livre sur lesquels il travaille. Il prend des notes manuscrites qu’il prend en photo, et tout cela est de plus classé ! En cas de besoin d’impression, il passe par un PC libre service de l’école.

Il cite un autre exemple intéressant, un étudiant en design a utilisé Evernote pour noter, photographier toutes les idées qui l’inspiraient pour son projet de fin d’études : son carnet de notes est d’ailleurs en ligne. Le point de vue de l’enseignant par contre ne m’a pas complètement convaincu sur les aspects gestion de cours.

L’article 10 trucs pour l’étudiant reprend à peu près les mêmes idées, avec comme petit truc supplémentaire, le pense bête où l’on enregistre tous les numéros à retenir ou l’enregistrement du discours de l’enseignant avec le micro du smartphone. Et un petit focus sur les à coté : l’extrascolaire ou la prise de photo de l’objet dont vous rêvez.

On pourrait aussi mentionner la possibilité de partager facilement ses notes de cours.

En résumé, Evernote joue le rôle de super cahier de prises de notes/ brouillon/classeur numérique, avec toutes les fonctionnalités qui vont avec : partage, classement …

Il ne remplace pas les outils dédiés comme Diigo pour les recherches bibliographiques, ni un Zotero ou un Mendeley pour la gestion bibliographique scientifique. Les exports doivent être retravaillés avant publication, mais c’est bien un gros carnet dans le nuage, presque un cartable numérique à lui tout seul.

Crédit photo : Evernote par Johan Larsson, licence CC-by