Le terme MOOC : Massive Online Open Course, ou cours ouvert massivement multi-apprenants, a été proposé en 2008 et popularisé par quelques universités américaines l’année dernière. La première caractéristique de ces cours est qu’ils sont ouverts à tous, chacun pouvant s’inscrire à son gré. La deuxième dimension est que le nombre d’inscrits fait que les échanges entre participants (on parle aussi de pairs) sont encouragés, voire deviennent la forme primaire de l’apprentissage, ou de l’accompagnement. On assiste donc bien à un phénomène nouveau coté cours en ligne : des cours ouverts, non limités en nombre de participants (et c’est sans doute la caractéristique la plus innovante), et dont certains regroupent effectivement un grand nombre de participants. Par contre, entre le premier MOOC de 2008 (CCK08) et le premier cours proposé par le MIT dans le cadre de son initiative commune avec Harvard, l’approche est visiblement différente.
Le premier type de MOOC est basé sur une démarche participative, où chacun effectue ses propres recherches d’informations, échange avec ses pairs, et publie ses propres conclusions sur le site de son choix. Les concepts d’abondance des ressources, de leur renouvellement, du développement de capacités. Chacun peut définir son propre niveau d’investissement. On parle de cMOOC, le c venant de connectivisme.
Au contraire les cours issus du MIT ou de Stanford correspondent à la mise en ligne d’un cours existant (i.e. Ouvrir la porte de l’amphi) La seule nouveauté réside dans le fait que l’évaluation continue des participants peut également être ouverte aux extérieurs. On parle aussi de xMOOC en référence à l’initiative edX du MIT.
J’avais envie d’étudier les différences entre les différentes sortes de MOOCs pour essayer d’extraire les différentes dimensions qui peuvent caractériser ces différents MOOCs, et donc mieux cerrner les variantes envisageables. Ce travail a été grandement facilité par le dernier article de George Siemens (qui est à l’origine du premier MOOC) : What is the theory that underpins our moocs? qui détaille les différences entre les différentes formes de MOOCs. J’en ai tiré le tableau synthétique suivant :
Issu des cours traditionnels |
Issu de l’approche connectiviste |
|
Modèle pédagogique | Classique : C – TD – TP – éval | connectivisme |
Connaissance | Dans le cours – déclarée | Distribuée – générée |
Cohérence | Donnée par l’enseignant | Construite par l’apprenant |
Objectifs d’apprentissage | Défini par l’enseignant | Défini par chaque participant pour lui-même |
Apprendre | Suivre le cours | Navigation, établir des connections |
Ressources | Définies dans le cours | Agrégées par les participants, abondance |
Importance de l’échange entre pairs | ||
Interactions | Forums sur site | Distribué, partant d’un portail,chaque participant construit son blog |
Synchronisation | Contenu du cours et instructeur | Avec les autres participants |
Résonance | Entre pairs | |
Encourager autonomie et auto régulation | Maitrise de e-compétences | |
Orienté innovation et impact | Orienté disciplinaire | Par nature interdisciplinaire |
On trouve par ailleurs dans le diaporama inclus dans l’article de George Siemens quelques éléments complémentaires également intéressants.
Il y a la question de la certification. Certains cours sont ouvert en parallèle dans une université et sur le web. Les inscrits à l’université se voient naturellement offerts de passer l’UV correspondante et de pouvoir en tirer des crédits pour obtenir un diplôme. Par contre pour les extérieurs, pas de diplôme. On peut s’attendre à voir se développer la possibilité de s’inscrire à ces cours soit au cours d’un séjour à l’université, soit en ligne. La question est de savoir à quel prix (i.e. au même prix qu’en présentiel ou non).
Les nouvelles entreprises qui se proposent d’offrir des MOOCs (Coursera et Udacity) ont intégré dans leur modèle économique la possibilité de mettre en contact les meilleurs éléments avec des entreprises recherchant des personnes possédant les compétences visées par les cours.
L’autre approche, issue des fondations du libre (fondation Mozilla), et qui valorise une approche formation tout au long de la vie, consiste à proposer des badges, que les participants pourront accumuler pour valoriser leurs acquis. C’est une voie nouvelle, qui a la qualité d’être en phase avec la dynamique sociale du Web.
Le type de cours et la nature des institutions qui les proposent sont d’ailleurs fortement liés. La forme « issue des cours traditionnels » est portée côte Ouest des États-Unis par Stanford et ses start-up (Coursera et Udacity), côte Est par le couple MIT/Harvard. Ces institutions disposent : de ressources en ligne valorisées depuis longtemps (la célèbre initiative Open Course Ware du MIT est l’exemple le plus connu), d’une célébrité qui fait que l’ouverture récente de cours en ligne a attiré des participants du monde entier (c’est une des raisons identifiées de l’afflux de candidats pour le cours d’intelligence artificielle de Stanford), une volonté de diffuser leurs connaissances le plus largement possible, et des enseignants qui sont des bêtes de scène dans leurs amphis.
Leur communication parle de révolution en ouvrant leurs cours, mais il s’agit plutôt d’un effet d’aubaine et d’avoir mis en place des infrastructures qui permettent d’automatiser, ou au moins de systématiser les évaluations intermédiaires induites par ce passage à l’échelle.
Remarquons que malgré le discours emphatique du MIT, seul un cours a été mis en ligne, à croire qu’ils cherchent à occuper le paysage médiatique par peur d’être distancés. Certaines autres universités cherchent alors à suivre le mouvement. On a constaté le phénomène, via l’Open Course Ware, on le voit maintenant au travers de Coursera (6 universités adhérentes) .
Les cours issus de l’approche connectivistes sont eux apparus il y a quelques années sur l’idée que l’apprentissage se fait en échangeant, en reliant personnes et savoirs. Siemens, Downes, Cormier … essayent de le formaliser sous forme d’une théorie qu’ils dénomment le connectivisme. Mais surtout ils proposent des cours en ligne, dont certains sont en fait une forme de recherche collective. La définition de la plate forme est plutôt un environnement d’apprentissage personnel (ou PLE Personnal Learning Environment), qui peut se définir comme un agrégat de services Web. Il s’agit donc d’approches de recherche de formes de cours basés sur des approches pédagogiques plus ouvertes, qui s’affranchissent de la nécessité de disposer de ressources préalables importantes. L’enseignant est ici plus accompagnant que guide. C’est ainsi plutôt l’extension des approches constructivistes ou de pédagogie active en ligne. Certains se définissent comme des échanges entre chercheurs, comme le MobiMOOC d’Inge de Waard. Les institutions qui proposent ce genre de cours sont donc soit des universités moins connues que les précédentes, soit des entités indépendantes comme la P2PU.
Le tableau peut donc être complété avec les éléments suivants :
Issu des cours traditionnels |
Issu de l’approche connectiviste |
|
Certification | Adossée à l’université ou contacts entreprises | Adossée à l’université ou badges |
Évaluation continue | Automatisée | Entre pairs |
Plate forme technique | Centralisée | Web : Environnement d’apprentissage personnel |
Posture de l’enseignant | Professeur guide | Facilitateur |
Ces deux formes sont les premiers prototypes d’une nouvelle forme d’enseignement. D’autres dynamiques pourront compléter ces évolutions, comme le développement de démarches collaboratives pour la construction de ressources (voir par exemple : Les ressources éducatives se développeront en réseau(x), ou pour l’inscription dans ces cours (pourquoi en effet ne pas proposer un MOOC entre plusieurs institutions). On peut également imaginer une démarche mixte, genre recherche de différents modèles de programmation, comparaison d’approches algorithmique pour ne parler que de cours de type informatique.
Sur la nature des apprentissages, cela dépend bien des modalités pédagogiques et des évaluations mises en place, on pourra se reporter au tableau issu de MOOC – A solution to Higher Education and Future Learning? ou au transparent 7 de la présentation de Steve Wheeler Researching Social Media in Education: What can we learn?
Pour finir, je voudrai également parler des participants à ces cours. Doit on d’ailleurs les appeler élèves, étudiants, apprenants ou simplement participants ? Si aujourd’hui, il suffit de déclarer l’ouverture d’un tel cours sur le web, et de compter sur le bouche à oreille, que se passera-t-il si la formule se développe. Comment se feront les choix, quelle concurrence jouera-t-elle ? Qu’est ce qui leur apportera le meilleur développement personnel ?
En termes de construction de compétences, vaudra-t-il mieux viser des cours disciplinaires plus identifiables ou des cours moins structurés qui permettront de développer des capacités de type littératie numérique, ou e-compétences. En fait, il faudra sans doute des 2 formes, un peu comme l’innovation s’appuie à la fois sur les avancées de la recherche disciplinaire, scientifique et de la réponse à des usages.
27 juin, 2012 à 1:08
[…] par quelques universités américaines (Stanford et le MIT en tête) il existe maintenant deux formes principales : celle qui copie les cours traditionnels de l’université et celle qui est basé sur […]
17 août, 2012 à 12:24
[…] entre MIT. Harvard et Berkeley), Udacity, Coursera, etc. D’ailleurs, Jean-Marie Gilliot décrit différents types de MOOCs dans ce billet et Stephen Downes nous offre en français sa description du […]
28 août, 2012 à 11:30
[…] on tipes.wordpress.com Share this:TwitterFacebookJ'aime ceci:J'aimeSoyez le premier à aimer […]
28 août, 2012 à 2:53
Reblogged this on Things I grab, motley collection .
4 septembre, 2012 à 4:53
[…] Siemens « Designing, developing, and running (massive) open online courses ». Après une présentation de ce qu’est un MOOC, il nous propose un petit mode d’emploi pour construire son cours en 9 étapes […]
4 septembre, 2012 à 4:54
[…] Siemens « Designing, developing, and running (massive) open online courses ». Après une présentation de ce qu’est un MOOC, il nous propose un petit mode d’emploi pour construire son cours en 9 étapes […]
19 septembre, 2012 à 10:06
[…] Autant de questions auxquelles vous proposent de réfléchir et de répondre les animateurs de ce cours d’un nouveau type. En effet, “Internet, Tout y est Pour Apprendre” (#ITyPA) est un MOOC, de type connectiviste. […]
25 septembre, 2012 à 2:43
[…] vous sentez que ce concept risque d’impacter sur votre travail. Sachez que ce cours est une forme possible de MOOC parmi d’autres. Cela reste néanmoins une bonne opportunité pour démarrer l’échange […]
5 octobre, 2012 à 11:50
[…] La présentation des différents types de Mooc […]
19 octobre, 2012 à 4:51
[…] danger actuel, que l’on peut craindre au travers des premiers xMOOC (pour une définition de xMOOC et cMOOC) mis en place, c’est qu’au contraire on aille vers un enseignement très standardisé […]
23 octobre, 2012 à 12:54
[…] Typologie des MOOCs […]
26 novembre, 2012 à 11:14
[…] sur la belle promesse que constituent les MOOC (Massive Online Open Courses), notamment dans leur modalité connectiviste (cMOOC), en m’appuyant sur l’expérience […]
30 novembre, 2012 à 9:35
[…] Avec le temps, les Moocs ont évolué. Entre le premier MOOC de 2008 et le premier cours proposé par le MIT dans le cadre de son initiative commune avec Harvard, l’approche est très différente. De fait, on distingue deux types de Moocs : Les xMoccs et les cMoocs. Les deux dispositifs sont très différents, et cela a des conséquences importantes tant sur la pédagogie utilisée, que sur les contenus enseignés. Un tableau comparatifs, recensant les différences précises entre xMoocs et cMoocs est disponible ici : https://tipes.wordpress.com/2012/06/12/differents-types-de-moocs/ […]
21 février, 2013 à 10:56
[…] Bachelet présente son projet de MOOC « ABC de la gestion de projet », il parle volontiers de xMOOC et de certification. C’est une manière de renvoyer à des définitions connues des MOOCs, […]
2 mars, 2013 à 8:10
A reblogué ceci sur Instructional design.
2 octobre, 2013 à 1:20
existe t-il un xMOOC-chimie dispensé par le CNAM Paris (ou ailleurs)
Savez vous si des Universités Populaires preparent aussi des xMOOC ou autre MOOC. Ma seul référence est le MIT-OCW chimie.
Merci de vos réponses
2 octobre, 2013 à 9:29
pas vu de MOOC chimie en français. Les MOOC du Cnam sont sur la plate forme de France Université Numérique http://www.france-universite-numerique.fr/
et sinon je n’ai rien vu de spécifiquement université populaire, mais pour moi les MOOC sont bien un renouvellement de la formule en permettant à tous de pousser la porte (numérique) de l’université)
16 avril, 2014 à 7:20
[…] types de MOOCs. Techniques innovantes pour l’enseignement supérieur. Disponible sur : https://tipes.wordpress.com/2012/06/12/differents-types-de-moocs/ [Consulté le mars 20, 2014]. Guillemet, P., 2014. Panoramique MOOC. Distances et médiations des […]
1 juin, 2014 à 10:57
[…] Sources : https://tipes.wordpress.com/2012/06/12/differents-types-de-moocs/ […]
15 octobre, 2014 à 1:27
[…] n’est ce pas?) L’idée principale est sans doute de chercher à associer nos fameux xMOOC et cMOOC pour en faire un dispositif plus riche. En quelques […]
30 décembre, 2014 à 9:38
[…] Exemple: les MOOCs de type connectiviste (cMOOC) […]
2 juin, 2015 à 2:56
[…] MOOC bien sûr avec une dimension transmissive (issue des fameux xMOOC, transcription numérique de cours traditionnels) et une dimension plus sociale (voire de […]
27 juillet, 2015 à 9:25
[…] #MOOC bien sûr avec une dimension transmissive (issue des fameux xMOOC, transcription #numérique de cours traditionnels) et une dimension plus sociale (voire de […]
24 août, 2015 à 9:42
[…] classe habituellement les Mooc en deux catégories, les xMooc transmissifs et les cMooc connectivistes, auxquelles on ajoute parfois une troisième, les Mooc s’appuyant sur des projets. Ces […]
23 juin, 2017 à 9:00
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