La tentation du tout Google

Mon objectif n’est pas ici de faire la critique de l’hégémonie de Google, ni de faire le point sur les problèmes que cela pose en termes de confidentialité, d’identité numérique, de visibilité, de dé-référencement de la concurrence dans l’outil de recherche …

Il n’est pas non plus question de comparer les 2 approches pour essayer de rendre le web plus unifié, donc pas de savoir s’il faut choisir entre rendre interopérable les services web de nombreuses sociétés, ou regrouper tous ses usages dans ce qu’il faut bien appeler une suite de services, dans un environnement unique tel Facebook ou Google, ce que d’aucun appelle un silo de données.

Non, la question du jour est de savoir si on peut (quasiment) tout faire dans l’environnement Google, pour mesurer où en est arrivé cette entreprise, en termes d’intégration de services. En effet, deux nouveautés de l’été ont étendu l’emprise de la firme américaine : l’ouverture de Google+ et l’arrivée de la tablette tactile Samsung Galaxy Tab.

Celle-ci peut se visualiser facilement selon 3 axes :

  • le premier qui est la variété des équipements supportés ;
  • le second qui est le nombre de services aujourd’hui proposé avec un seul compte ;
  • le troisième correspond aux domaines sur lesquels Google avance des offres ;

Coté plateforme tout d’abord, les services Google étant d’abord dans les nuages (Cloud computing) , il sont accessibles de la plupart des plateformes numériques existantes, via un navigateur. Ils permettent donc de regrouper les données dans un même silo, entre services et entre équipements.

Cela dit, Google développe des plateformes d’accueil pour permettre une meilleure intégration.

D’où puis je accéder à mes données ?

  • Le navigateur Chrome tout d’abord, qui bénéficie de plugins spécifiques, ou du moins avant les autres navigateurs, qui vous faciliteront la vie. J’ai apprécié le fait de pouvoir envoyer mes SMS directement depuis mon navigateur en me synchronisant avec mon smartphone (Android) ;
  • Les smartphones Android, qui permettent l’accès à vos données au travers de nombreux services tirant parti de la géolocalisation et des fond de cartes. Mais aussi qui permettent de partager (publier) et de sauvegarder dans les nuages toutes les données générées sur cet équipement : votre localisation, vos contacts, vos photos et vidéos … ;
  • Et maintenant les tablettes Android qui proposent un confort comparable avec celles de la concurrence, et la même passerelle que celle des smartphones.

Quelle intégration en découle ?

Le principe de mobiquité est ainsi assuré, permettant de se connecter en mobilité, depuis n’importe quel équipement à ses données et ses services, pour autant qu’ils soient chez Google. La synchronisation y est très forte puisque l’on peut y retrouver ses marque-pages d’un équipement à l’autre, ainsi que les photos prises (Instant Upload), ses contacts … On y trouve également le principe de partage généralisé, tant en publication qu’en production. Notons également que Google revisite les interfaces, non seulement en simplifiant au maximum, mais aussi en proposant la reconnaissance vocale en complément d’une saisie clavier, en attendant la réalisation d’actions par le même canal, et la traduction automatique.

Coté services, qu’en est il ?

  • Tout d’abord, la suite de base : mail, agenda, documents (tete, tableur, diaporama). Efficace, collaborative, avec outils de recherche intégrés, elle convient à la majorité des usages ;
  • Le partage d’images et vidéos, avec Picasa et Youtube. Picasa propose également un ensemble d’outils de retouche suffisants pour l’amateur. Cela manque à Youtube, mais ne chipotons pas ;
  • La publication web, soit au travers d’un blog, soit au travers d’un site. Sans oublier la possibilité de faire ses statistique avec Analytics, ou de récupérer quelques centimes en faisant de la pub ;
  • L’actualité, la météo, et le comparatif d’achat (Shopping)
  • La gestion de flux RSS au travers de Google Reader pour une veille efficace, ou via des alertes ;
  • La vue du monde entier sous forme de cartes, de photos satellites ou depuis la rue ;
  • L’interaction avec ses amis par réseau social grâce à Google Plus, alternative
  • La communication par courriel, par liste dans un groupe, par chat, et maintenant par vidéo via les bulles dans Google Plus ;
  • La recherche classique sur le web, mais aussi dans les publications scientifiques (Scholar), les livres (Books), les photos (géographiquement : Panoramio ou selon les formes de la photo Goggle), géographique (dans Maps) ;
  • Le développement logiciel, avec la forge logicielle qui permet de gérer vos projets, la publication de nombreuses API ou des outils de développement comme App Inventor qui permet de développer de manière graphique ;
  • J’en oublie … des existants (SkectchUp par exemple permet de faire des schémas 3D) et ce qui se prépare dans les labs (encore merci à Daniel Liewon pour sa présentation passionnante de Google Squared

Et souvent des ponts, des raccourcis existent entre les services. On arrive donc ici avec une série de services basés sur l’accès, le partage et l’exploitation de données, avec des interfaces renouvelées et avec une gamme complète d’équipements mobiles. Pas mal du tout, et en tout cas plus large que n’importe quelle autre compagnie !

Et pour qui tout cela ?

Clairement Google s’intéresse depuis longtemps à l’éducation, via Google Apps fo Education, des exemples d’usages (voir par exemple Android For Academics), ou même en donnant des leçons aux états. Il s’intéresse évidemment aux entreprises et aux développeurs (voir ci-dessus), aux associations, …. Bref à tous (du moins à leurs données), partout, toujours.

Qu’est ce qui nous retient (encore) en dehors de Google ?

Quelques services manquent encore : la musique principalement (quoique, un service existe déjà aux États-Unis), et quelques babioles : les cartes conceptuelles, le partage de signets…

Sinon peut être d’y retrouver nos amis, nos réseaux sociaux, car ils n’ont pas tous migré, loin de là. Facebook bénéficie de la position établie face à Google Plus, Twitter semble moins inquiéter Google puisqu’il peut être intégré facilement dans « Plus ». Mais cet argument tombera peut être tant il est plus facile d’y entrer que d’en sortir. Tout est fait pour que nous amenions nos amis avec nous. Curieusement, les passerelles d’exportation de Google Plus ne sont pas encore opérationnelles : pas d’API, pas de flux RSS … Heureusement Google nous rassure en nous promettant qu’il est facile de le quitter pour d’autres cieux.

J’ai bien envie pourtant de me laisser tenter et de passer un temps à tester ce monde à lui tout seul qu’est devenu Google (et non plus une brique du Web), et en essayant de ne pas en sortir, en espérant que cela ne soit pas aussi dangereux que l’exploration des fast foods à la mode « Supersize me ».

Crédit photo : #googlerally @moveon bus @google don’t be evil #NetNeutrality par Steve Rhodes, licence CC-by-nc-sa

Quelques liens pour se donner des idées :

Une Réponse to “La tentation du tout Google”

  1. Olivier Aubert Says:

    « Cela manque à Youtube, mais ne chipotons pas »: vraiment ? Et http://www.youtube.com/editor alors ? Et dans le cadre de cette discussion, il semble important de mentionner le Google Data Liberation Front, qui permet de sortir certaines de ses données de chez Google, mais aussi les controverses récurrentes sur l’arbitraire de suppression des comptes (http://www.framablog.org/index.php/post/2011/08/16/google-m-a-tuer par exemple), et aussi sur la terminaison de certains services (http://googleblog.blogspot.com/2011/09/fall-spring-clean.html ). Pour ma part, j’essaye de n’utiliser ces services que dans la mesure où je ne perds pas mes données le jour où ils s’interrompent.


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