Tout ce que j’écrirai pourra être retenu en ma faveur

titre alternatif : jetons nous dans le bain

titre à la lecture de certains échanges : tout ce que j’écrirai pourrait être retenu contre moi ?

Faut-il, doit-on, peut-on, est-il raisonnable d’écrire sur le Web ?

Clairement, il règne un climat anxiogène pour nombre de débutants sur le web. Climat que ne comprennent bien souvent plus ceux qui ont fait le pas, tant ce qu’ils ont trouvé leur a permis de s’enrichir intellectuellement et humainement.

D’où vient ce climat ? D’abord c’est quelque chose de nouveau, il y a donc toujours inquiétude devant l’inconnu. Mais surtout les médias ont relayé, amplifié quelques cas de débordement comme il en existe dans toutes les activités humaines. Mais les annonces d’accidents automobiles de meurtres en série nous empêchent elles de sortir de chez nous ?

Et puis, nous ne risquons pas notre vie sur Internet. Pour dédramatiser, on peut se référer à « qui a peur du grand méchant web ? » publié par yapaka.be (merci à @2vanssay pour le lien).

Dans quelle société vivons-nous souhaitons nous vivre ? Sommes nous dans une démocratie où chaque citoyen peut s’exprimer, ou considérons-nous que la société de Big Brother (is watching you de George Orwell) est une réalité. Le débat est encore devant nous. Espérons qu’il saura laisser une place aux dimensions de partage, de collaboration que certains projets comme Wikipédia incarnent, mais qui sont portés également par beaucoup d’autres (voir par exemple le site de Imagination for People)

Certains considèrent que Big Brother, c’est notre futur employeur (j’ai lu un commentaire de ce type dans le cadre d’#ITyPA), celui-ci pouvant retrouver une erreur vieille de plusieurs années. On est à mon avis dans la légende urbaine. D’abord parce que ce que l’on pourra apprendre en suivant ITyPA, c’est que la notion de vérité dépend du contexte, et donc évolue avec le temps (bon d’accord, Blaise Pascal le disait déjà, mais le phénomène s’est modifié, accéléré avec le Web). Ensuite, c’est que si on se met dans une dynamique de production, on va apprendre, donc s’améliorer, et finalement pouvoir montrer qu’aujourd’hui on est capable de beaucoup plus qu’hier. Et un employeur recherche des compétences actuelles, pas celles d’il y a plusieurs années. C’est bien ce que confirme cet article du blog du modérateur (retrouvé sur l’excellent diaporama « Student Branding » autour de comment chercher un emploi avec le web, proposé par Christophe Batier.

Alors faut-il avancer caché ou sous sa véritable identité sur le net ? Si l’on considère que des employeurs chercheront sur le net qui vous êtes vraiment, il faut sûrement avoir une identité numérique visible, autre que celle de ses photos de vacances. Ils n’iront sans doute pas chercher la faute, mais voudront se faire une image globale. Là encore l’abondance d’informations est un phénomène à intégrer, en s’appliquant à faire ressortir ce qui est le plus important pour vous. Cette identité se construit, en étant soi-même, et en mettant en avant là où on est le meilleur.

Certains participants arrivant sur #ITyPA posent la question, tiraillés entre deux discours qu’ils trouvent à raison contradictoires. La réponse est sans doute dans leur niveau de confiance propre. Peut-être leur faut-il un temps d’appropriation sans pression. Peut-être leur faut-il le temps de comprendre à/dans quoi ils s’inscrivent,. Il est en effet possible d’adopter plusieurs identités sur le net, comme l’a montré Dominique Cardon. Mais quand ils avanceront dans leur appropriation, ils ressentiront le besoin de passer à une identité plus réelle. Peut-être que les espaces publics numériques sont les bons espaces de médiation pour les premiers pas.

En effet, un tel événement est aussi et peut-être surtout un lieu de rencontre, d’échanges. Ceux-ci seront d’autant plus engageants, plus véridiques si ils se font entre personnes réelles et non pas entre avatars.

Au contraire, d’autres considèrent que participer à un MOOC comme ITyPA est valorisant et leur permettra d’avancer dans leur identité professionnelle. Ceux-là n’auront pas de problème à afficher leur vrai nom. Ils sont déjà entrés dans leur construction d’identité sur le web. Ceux-là ont intégré le fait que leur identité, c’est ce qu’ils sont, ce qu’ils font sur le web, et que ce qu’ils produiront de plus pertinent sera mis en avant.

Oui, la perception du web est aujourd’hui ambivalente, Oui il est rejeté par des technophobes ou des gens qui restent interdits envers une nouveauté qui remet en question beaucoup de chose, et oui il est encensé comme espace de débat public par certains. ITyPA est un moyen de se construire sa propre opinion, sachant que les animateurs et tous les intervenants ont fait le choix de s’afficher avec leur identité réelle. Et qu’ils considèrent qu’ils y ont gagné.

Vous pouvez également échanger sur le sujet via un forum sur le site d’ITyPa. (merci à Karim Benyagoub de me l’avoir indiqué)

Pour finir, je voudrai juste laisser un lien vers le dernier diaporama de Christophe Batier, une des têtes de file du « numérique pour apprendre », qui me semble-t-il a quelque lien avec nos sujets.


PS : je suis preneur de tout bon argumentaire pouvant aider ceux qui ont peur de s’afficher sur Internet à passer le premier pas.

15 Réponses to “Tout ce que j’écrirai pourra être retenu en ma faveur”

  1. JmarcFJ Says:

    Je vais faire deux analogies en guise de réponse !

    Tout le monde est contre la violence et plus particulièrement contre celles faites aux femmes dit « sexe faible », une femme sur trois sera violée.
    Dans le monde du recrutement, 94% des recruteurs américains étudient les traces du web et éliminent les candidatures.
    En France, de plus en plus de recruteurs font de même. On peut écrire qu’il faut professionnaliser le recrutement, qu’il sera professionnalisé, il y a aura toujours une diversité de pratiques, de pensées, de théories, de croyances comme la graphologie qui est toujours utilisée en recrutement. Dingue mais vrai.

    Chacun peut mettre son talent à expliquer X ou Y, il y aura toujours X et Y et le ptit Z.

    Une formation en salle est un système clos, une des regles déontologiques est : tout ce qui se passe dans la salle reste dans la salle. Aucun formateur ne doit communiquer les états d’âmes des participants au management. La réalité est bien autre. Combien de formateurs expliquent au management qu’untel a eu des tels comportements lors de la formation, qu’il a eu du mal a apprendre, ou qu’il a brillament réussi les exercices, les études de cas, qu’il était un des leaders de la salle. Or le comportement lors d’une seance d’entrainement ne sera peut etre pas le meme lors d’un match pour reprendre un exemple sportif, de fait le comportement dans la salle n’est nullement prédictif du comportement en situation de travail. Et de plus, sachant que pour le participant, les commentaires du formateur peuvent amener à clore une période d’essai. Le formateur etait il la pour faire apprendre ou pour mettre un terme au contrat de travail ?

    Ainsi, je peux etre pour, contre, entre les deux ou ailleurs face à l’argument de l’e-reputation, la question des productions en ligne pendant une phase de formation n’est plus reservée à ceux qui l’ont vécu dans un monde clos mais accessible à tous pour le meilleur et pour le pire.

    Je peux prendre un pseudo et multiplier les identités numériques, je peux agir en nom propre, ce n’est pas parce que je fais un choix à un instant T que je suis en mesure d’en estimer les repercussions à un instant T+1+2+3; ….
    ni les interpretations X, Y, Z du lecteur et de son cadre de références et de valeurs.

    Cette question aurait pu etre débattue avant par les organisateurs du Mooc Itypa mais soyez reponsable et autonome meme si vous n’êtes qu’un débutant en cours d’élaboration de reflexion, de votre construction sociale et identitaire.

    On apprend de ses erreurs quand elles n’handicapent pas ou tue l’envie de continuer d’apprendre !

  2. Jean-Marie Gilliot Says:

    @JMarcFJ
    Ton analogie avec le fait qu’une femme sur 3 sera violée est très forte (en fait c’est battue ou violée pour être un peu plus exact, mais je n’ai pas retrouvé la source de l’ONU). Associée au 94% de cabinets de recrutement qui utilisent internet, je n’ai plus qu’à couper tous mes comptes.
    Sauf que …. tu ne détailles pas les pratiques de ces 94%, tu imagines simplement le pire. On retombe dans un discours qui veut faire peur. J’ai donné mon avis là dessus dans le billet.

    Par contre, je n’ai pas évoqué la question de rendre visible les apprentissages sur le web, du moins pas directement. Je dis bien qu’il faut un temps d’appropriation et que celui-ci est à gérer par soi-même.

    Quant à dire que nous n’en avons pas discuté entre organisateurs du Mooc ITyPA, je crois que là aussi tu fais parler ton imagination.

    Nous avons fait un choix, celui d’un cours ouvert. C’est un choix. Viens qui veut, si cela lui convient. Si cela ne convient pas, il y a beaucoup d’autres choses à faire, à chacun son choix.

    Nos règles de fonctionnement (déontologiques) diffèrent donc des formations classiques. Le constat pourtant de beaucoup de collègues est que des questions comme l’identité numérique ne peuvent se poser qu’en situation, donc dans un environnement ouvert. Il est normal de débuter, nous passons tous par là, et cela ne peut se faire dans un espace fermé.

    • JmarcFJ Says:

      Je ne cherche pas à avoir raison, j’exprime un avis libre à l’autre de l’entendre

      • plerudulier Says:

        Vous répondez à la mauvaise personne. En l’occurrence je reprends à mon compte ce qu’exprime Jean-Marie Gilliot à savoir : « Nous avons fait un choix, celui d’un cours ouvert. C’est un choix. Viens qui veut, si cela lui convient. Si cela ne convient pas, il y a beaucoup d’autres choses à faire, à chacun son choix. »

      • Jmarcfj Says:

        @plerudier donc si je comprends bien votre message, avec le chacun son choix, toute proposition d’évolution ou de nuances est soumise à l’autoritarisme des organisateurs ? Cela m interrogé sur les capacités de dialogue pédagogique des concepteurs.
        Sinon, j ai déjà fait le choix d’arrêter cette plaisanterie pédagogique

  3. Et si l’ouverture était un frein à l’accès ? « ITyPA, un Mooc vu dans les coulisses Says:

    […] question lors de notre second rendez-vous, j’ai posé un article sur le sujet sur mon blog : Tout ce que j’écrirai pourra être retenu en ma faveur. Le premier commentaire, même (et surtout) s’il est extrême, montre bien les freins qui […]

  4. Grégory Says:

    Bonjour,

    Merci pour cette article qui expose bien les difficultés de trouver un juste équilibre de publication. Peut être faut-il simplement rapeller aux personnes que ce que nous publions et, tout simplement, public.Finalement il n’y à rien de très extraordinaire la dedans.

    Pour le commentaire « 94% des recruteurs américains étudient les traces du web et éliminent les candidatures » qu’est ce que cela veut dire ? Comme 78% de la population américaine est sur internet, il doit y avoir par mal de problème de recrutement, non ? 🙂 C’est naturel pour un recruteur de se renseigner sur les candidats, seuls les moyens changent.

    Peut être faut-il mettre un peu de réalisme pragmatique dans notre « enseignement » du numérique.

    Grégory.

  5. sabine456 Says:

    Une discussion que j’attendais. On voit que le problème est sensible. Si un sujet est ouvert sur le forum, c’est plutôt là-bas que je poursuivrai (sinon, on ne va plus s’y retrouver).

  6. Jean-Marie Gilliot Says:

    oui, il y a un forum sur le sujet (indiqué dans le texte).

  7. Discrétion vs personnal branding ? | sabineinthematrix Says:

    […] la discussion prend une tournure plus argumentée, mais on voit bien dans les commentaires qu’il y aurait une bonne attitude  : sur le MOOC, on […]


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