Vous avez dit (formations) ouvert(es) ?

Ouvert, ouverture, jolis mots. C’est engageant, cela donne envie d’y souscrire. Cela renvoie à une vision de partage. Mais en fait ces termes ont de bien différentes acceptions suivant le nom auquel il est accolé. Certaines sont plutôt décevantes, d’autres au contraire enthousiasmantes et offrent de belles opportunités qu’il s’agit de cerner. Le panorama est plus fourni que la simple notion parfois associée au logiciel libre. Ces dimensions nous sont en effet apparues pendant la mise en place du premier MOOC francophone ITyPA. Faisons un petit tour dans le domaine de la formation.

Accès Ouvert

Pour commencer, passons par la Formation ouverte à distance (ou FOAD).  La notion d’ouverture réside dans la capacité de personnaliser ses contenus et de ne pas être lié à des dates de début et de fin. Par extension, certains continuent à adjoindre ce O à la formation à distance, même quand cette ouverture de contenu et de durée disparait. Il faudra montrer patte blanche pour s’y inscrire. Allons plus loin.

Ressources ouvertes

Deuxième étape du coté des ressources. L’Unesco, les universités numériques, le gouvernement français encouragent la production de ressources ouvertes, souvent appelées ressources éducatives libres. L’idée est de permettre le libre accès à tous à la connaissance, ce qui est une vraie noble cause. L’idée est ici de proposer une licence d’utilisation – typiquement choisie parmi les licences Creative Commons – plus permissive que ce qu’autorise le droit d’auteur appliqué par défaut.

Mais si la licence la plus libre CC-by permet bien la réutilisation, l’amélioration, un travail ultérieur sur cette ressource (et donc aussi de permettre une appropriation par les utilisateurs, parfois élèves), les autres options restreignent ces libertés. Je renvoie à cet autre article pour cette discussion. Il y a donc différents niveaux d’ouverture dans le monde des ressources.

Ouverture aux publics

Continuons du coté des universités ouvertes. L’acception initiale est l’idée d’ouverture de cours dans les universités pour une formation culturelle désintéressée, et continue d’exister dans certaines villes (université de tous les savoirs …), qui renvoie à la mission de diffusion de connaissance des universités. La traduction dans le numérique, nous vient de l’anglais (Open University), et se propose donc de délivrer des diplômes en FOAD. L’idée est ici de proposer des diplômes universitaires à des publics adultes. Nullement désintéressée, l’université vise ici à équilibrer ses budgets, dans un contexte de formation continue qui s’avère concurrentiel. Un modèle finalement classique et déjà bien implanté dans différents pays européens.

Les modèles de ces universités s’appuient bien souvent sur des ressources ouvertes, ce qui renforce l’idée que ce n’est pas dans les ressources (la connaissance « brute »), mais bien dans le cursus que se situe la valeur ajoutée des universités.

Ouverture à tous les publics

Si au niveau des ressources, au delà des contenus on rend disponible le déroulement et les interactions, si on permet à tous de s’inscrire pour autant que l’on possède une adresse mail. Viennent alors les curieux, mais aussi ceux qui n’avaient pas accès, pas le temps, ceux qui souhaitent mettre à jour leurs connaissances … On rentre là dans une logique d’abondance, de grand groupe permise par le numérique. C’est bien la nouveauté première que proposent les MOOCS.

Ouvrir le dispositif

Dans une formation, les objectifs du cours, les ressources, les activités sont souvent définis. C’est le choix des MOOCs des grandes universités américaines. L’organisation du dispositif est donc préétablie, fermée. Si au contraire, on ouvre au participant la possibilité de définir ses propres objectifs, de proposer des ressources, d’échanger, de débattre, on permet à chacun d’adhérer et d’enrichir le dispositif. On s’ouvre ainsi à la notion d’apprenance chère à Philippe Carré. Cette flexibilité dans un contexte de mise en réseau des connaissances, des savoir-faire et des personnes est l’opportunité que nous offre l’approche connectiviste des cMOOCs, qui sont porteurs de construction de biens communs d’apprentissage. De manière incidente, on passe ainsi d’une transmission à une appropriation du savoir.

L’enseignant ouvert

Dans les contextes où l’on s’intéresse à l’apprenant, autour de notions telles que la motivation, le plaisir, l’apprenance, la posture de l’enseignant change nécessairement. L’enseignant n’est plus dans une posture transmissive, mais bien dans une posture d’accompagnement, ouvert aux aspirations et aux besoins des apprenants. C’est a priori ce que l’on met derrière la définition de tuteur. Son rôle est donc aussi de valoriser, de développer un climat de confiance, indispensable pour permettre l’ouverture à des idées nouvelles.

Ouverture entre les métiers, les disciplines

Nombre d’écrits soulignent que l’apprentissage auto-guidé, en réseau ne suit pas une ligne disciplinaire. Si les disciplines conservent leur valeur en termes de structuration de contenus, comme boite à outils pour comprendre un aspect d’un système. Si l’apprentissage est une mise en réseau, alors les disciplines doivent pouvoir accepter ces mises en réseau, ce qui est bien une forme d’interdisciplinarité.

D’autres métiers peuvent aussi à apporter leur pierre à l’édifice, notamment les documentalistes et les spécialistes de la communication, pour apprendre à mieux accéder à l’information, et à restituer ses réflexions. On peut aussi penser à des personnes ressources pour une approche stratégique de la construction des ses apprentissages, pour un accompagnement sur les méthodes … Sachant que chacun de ces métiers doit s’approprier les évolutions liées à la mise en réseau des apprentissages. Mais de par leur posture plus classique d’accompagnement je dirai qu’ils sont souvent en avance sur les enseignants disciplinaires. Collaborer au sein d’un enseignement entre ces différents métiers (par exemple au cours de projets) est une expérience passionnante.

Ouverture sur la nature des ressources

Je reste frappé par l’attachement de certains à un genre de document particulier. Certains ne jurent en effet que par les articles scientifiques, seuls porteurs de vérité car seuls validés par des pairs (voir par exemple à ce sujet réviser la révision par les pairs). On retrouve le même phénomène pour les ressources éducatives qui se devraient d’être validées par un spécialiste. Il me semble que ce type de documents sont effectivement indispensables à une construction organisée des savoirs. Mais qu’ils ne sont nullement suffisants pour l’appropriation par les apprenants, ni pour l’exploration de nouveaux axes.

D’autres médias, plus visuels, plus sonores, plus tactiles peuvent également permettre d’aborder différemment nos apprentissages de manière plus vairée, mais aussi plus sensible. Il nous faut donc aussi apprendre à nous ouvrir sur les différentes formes de ressources.

Il existe sans doute d’autres axes d’ouverture possibles. Pour le concepteur de dispositif de formation, il faut à apprendre à se positionner sur ces différentes dimensions. En effet, un dispositif de formation n’est pas et ne sera pas un système désorganisé. Il nous faut trouver des sujets pour nous rencontrer, des règles pour pouvoir échanger, des guides pour nous construire. On sait que la créativité et l’innovation sont fécondes lorsque l’on donne des (bonnes) contraintes.

Pour une vue schématique des axes d’ouverture possibles, le schéma sur la pédagogie ouverte de Jacques Dubois est très synthétique, et éclairant. Je le réinsère donc ici :

crédits photos :
 Open/ouvert par mag3737 – licence CC-by-nc-sa et Le plongeoir par 1D110  licence CC-by-nc-nd
Modifications :

  • le 14/11/12 pour intégrer les excellentes propositions de @cvaufrey et @cousin
  • le 19/11/12 pour intégrer le schéma de @jackdub

Comprendre les MOOCs selon Sir John Daniel

Sir John Daniel a proposé récemment un article où il fait une revue des différents éléments caractéristiques des MOOCs. La démarche est intéressante car elle fait le pont entre les nombreux articles de blogs ou de journaux qui ont parlé des MOOCs et une rédaction plus académique sur le phénomène. Comme le relève cet article de blog, son plan est assez complet et le style plutôt engagé pour un article qui se veut scientifique. Il traite principalement des xMOOCs, considérant que c’est devenu le phénomène principal dans les MOOCs.

C’est néanmoins une bonne base pour faire le point sur le phénomène. Je pense reprendre plusieurs informations et points de vue dans la perspective de présentations futures sur les MOOCs. Je ne reprend ici que le plan. Je ferai des focus sur les différentes parties dans les prochaines semaines au fur et à mesure du temps libéré, et de l’avancement de mon travail d’analyse. La jolie histoire viendra plus tard.

On pourra reprendre les points principaux, et quelques approfondissements intéressants (ici en vrac)

  • en introduction : le fait que les universités en proposant des MOOC passent du modèle de pénurie dans le monde de la connaissance au monde de l’ouverture (et donc de l’abondance)
  • Qu’est ce que sont les MOOCs ? On retrouve la classification xMOOC contre cMOOCs, mais aussi d’autres types de cours en ligne comme le travail proposé par Academic Partnerships ;
  • Taux de participation et de réussite. Il note que le taux de réussite est de l’ordre de 7% dans les MOOCs des grandes universités. Ainsi le MITT 6.0002x Circuits and electronics a eu 155000 inscriptions venant de 160 pays (US, Inde et Angleterre en tête), 23 000 ont essayé le premier problème, 9000 ont passé la moitié, 7157 ont suivi le cours jusqu’au bout (ce qui est supérieur à l’ensemble de la participation de ce cours au MIT en 40 ans). Il revient sur ce point en fin d’article pour montrer que l’on peut obtenir de meilleurs taux, en améliorant la qualité et en n’étant pas impactés par des phénomènes de popularité qui font que des simples curieux peuvent s’inscrire pour voir ;
  • Tricherie ou travail entre pairs ? C’est une petite anecdote mais qui pose la question de l’alignement entre pédagogie et évaluation : peut-on faire des évaluations automatisées alors que les participants travaillent en commun ;
  • le modèle économique des MOOCs. Il élargit la question en notant que les plate-formes comme Coursera visent des modèles économiques de manière indépendante des universités. La question des partenariats est ouverte ;
  • les plate-formes : on peut retenir 3 sous questions à ce niveau, même si elles ne sont pas aussi claires que cela dans le texte
    • le logiciel. Il pointe le fait que le logiciel Coursera semble propriétaire, et que pour les LMS, l’open source a permis la diffusion de tels logiciels. Il cite également l’initiative de Google Open Course builder. Il semble qu’il n’ait pas identifié le fait que Stanford (avec Class2Go) et le MIT (avec edX) veulent proposer leurs plate formes en open source ;
    • l’hébergement. En soulignant, à la fois la plus grand simplicité par rapport à une plateforme d’université et la nécessité de tenir la charge venant du monde entier, amenant pour nombre d’universités à adopter une structure cloud ;
    • la visibilité. C’est sans doute un des intérêts de Coursera que de pouvoir partager la page d’accueil avec d’autres universités de renom ; je recite ici la piste Academic partnership qui bien que moins visible permet des retours sur investissement plus évidents pour les universités ;
  • MOOC en perspective. En montrant que les pseudo-révolutions ont été nombreuses en éducation, l’auteur relativise le phénomène MOOC. Il note néanmoins que ce phénomène a des chances de durer, d’abord parce qu’il s’appuie sur les « médias de la connaissance » qui permettent de manipuler les symboles mêmes de l’apprentissage (mots, nombres, formules, images …) et permettent la diffusion et le partage de ressources à moindre frais ;
  • la certification, ou non de l’atteinte des objectifs du cours, l’obtention de crédits pour sa réussite. Ce point fait l’objet de plusieurs développement, soulignant les contradictions actuelles d’un système qui se met en place ;
  • La qualité. Parmi les mythes qu’il remet en question, le premier est qu’une université renommée propose les meilleurs cours. Il montre qu’au contraire d’autres initiatives méritent qu’on s’y intéresse ;
  • La pédagogie. Il souligne la pauvreté des premières plate-formes de xMOOC, qui n’ont pas intégré l’expérience pédagogique existante, mais il onsidère qu’elles devraient rapidement s’améliorer du fait de l’ouverture qui permet de capitaliser sur les différentes offres ;
  • L’offre de cours pour permettre de développer l’enseignement supérieur dans les pays en développement sonne à ces oreilles comme une forme de néo-colonialisme. Il considère que les OER (Ressources éducatives libres) contribuent au développement de l’offre universitaire et constituent de vraies voies d’amélioration, mais il semble que cette notion de faire le bien ou d’alimenter les biens communs ne sont que des pseudo désirs louables, pas des raisons pragmatiques.
  • Les possibles. Il évoque l’idée qu’un classement pourrait apparaître obligeant chacun à s’améliorer pour rester dans le jeu. En le basant sur des critères de qualité et de rigueur intellectuelle, cela l’amène à dire que les universités vont devoir se préoccuper de pédagogie et des étudiants comme jamais. Il évoque également l’idée que cela devrait amener à valoriser la dimension enseignement à coté de la dimension recherche dans les carrières des professeurs.

Sur la dimension de développement des carrières d’enseignants, le premier obstacle en France sera sans doute le problème de traduire la participation à un MOOC en Heures Équivalent TD qui sont la base de discussion dans la charge d’un enseignant.

Bref une bonne base. Je rajouterai sans doute une notion de classement des différentes offres de MOOCs, et un élément sur le M (Massive) de MOOC qui me semble-t-il devrait montrer les limites de telles offres.

Crédit photo : The belgian political system par Lounge! licence CC-by-nc

Quelques manières d’aborder le MOOC ITyPA

ITyPA est un cours ouvert en ligne pour utiliser Internet efficacement pour apprendre. Son titre long est « Internet Tout y est Pour Apprendre ». Il démarre le 4 octobre, et les inscriptions resteront ouvertes jusqu’à sa clôture le 13 décembre.

Comme certains l’ont déjà remarqué, il n’y a pas une seule manière de « suivre », de participer à ce cours. Ce sont les participants qui font le cours. Comme nous sommes suffisamment nombreux (plus de 450 à ce jour), il y aura donc plusieurs discussions, plusieurs fils d’apprentissage qui se dérouleront en parallèle.

Nous commençons à avoir une certaine visibilité sur les inscrits, que certains expriment leurs attentes, projettent leurs envies dans ce cours sur différents supports (j’ai noté quelques articles de blog, twitter, des groupes sur linked-in …). Bref certains ont déjà démarré avant la date, et c’est très bien comme ça.

À ce stade, je vois apparaître donc quelques points d’entrée possibles ou exprimés. En voici quelques-uns :

  • premier niveau, la découverte. Comment utiliser les outils existants, comment trouver la bonne information, comment la transformer en connaissance pour moi, et pour d’autres ? C’est le sujet d’ITyPA. Si ces questions vous interpellent, ce cours est fait pour vous. Vous irez sans doute plus loin, car vous découvrirez l’importance et la puissance d’échanger avec d’autres ;
  • deuxième niveau, l’approfondissement. Vous avez l’impression de savoir trouver l’information qui vous est nécessaire, mais soit vous le faites au coup par coup, soit vous n’avez pas dépassé l’usage des moteurs de recherche, soit vous avez conscience que les réseaux sociaux peuvent vous apporter beaucoup mais que vous n’avez pas défini de stratégie pour en tirer le meilleur. Vous tirerez le plus grand profit des différents experts reconnus qui interviendront dans le cours (Jean-Michel Cornu de la Fing, Frédéric Domon de SocialLearning, François Magnan, Sébastien Magro, …) et des échanges avec tous les participants. En tout cas, ce cours est aussi fait pour vous.
  • Autre axe d’entrée, vivre un cours basé sur le connectivisme. Par curiosité, ou parce que votre métier (enseignant, formateur, ingénieur pédagogique, chercheur, …) vous laisse penser que cela peut renouveler vos pratiques. Sachez que le sujet du cours n’a pas été choisi au hasard, mais qu’il constitue bien le fondement d’un tel cours, basé sur l’abondance des ressources, l’échange entre pairs, l’émergence …. Ce cours vous apportera d’autant plus que vous y participerez ;
  • Peut-être venez-vous parce que le mot clé MOOC vous interpelle, ou que vous sentez que ce concept risque d’impacter sur votre travail. Sachez que ce cours est une forme possible de MOOC parmi d’autres. Cela reste néanmoins une bonne opportunité pour démarrer l’échange sur le sujet, comprendre les dynamiques à l’oeuvre, et cela permettra de poser les bases ensemble. Certains voudront sans doute échanger sur la pertinence des modalités retenues. Si vous êtes décideur dans un établissement de l’enseignemnt supérieur, vous voudrez peut être continuer l’échange dans un contexte plus dédié. , tout en gardant un œil sur ITyPA, pour parfaire votre culture sur l’intelligence collective.
  • Si vous êtes simplement curieux, ou volontaire pour démarrer un échange constructif, peut être constitutif d’une communauté de pratiques autour d’« apprendre avec Internet », ce cours vous intéressera sûrement.

Mais sans doute vous aurez d’autres idées, venez en parler avec les autres participants en vous inscrivant dès aujourd’hui.

crédit photo : Profusion of nectar par Max xx – licence CC-by-nc-sa

Venez participer à un cours en ligne ouvert à tous : Internet Tout y Est Pour Apprendre !

Internet, tout le monde connaît, s’y est connecté au moins une fois, a effectué une recherche sur un moteur de recherche. Internet, c’est l’accès à l’Information avec un grand I. Oui, mais comment s’orienter dans cette abondance d’information, comment comment reconstituer une structure qui transforme ces informations en connaissance pour apprendre et trouver ce qui nous intéresse personnellement ?

C’est toute la question de ce cours : Comment tirer le meilleur parti du Web pour apprendre ? Que vous soyez utilisateur occasionnel du navigateur, butineur ou accros aux environnements numériques, vous pouvez participer à nos discussions et, espérons-le, en retirer des méthodes, des outils, des techniques qui vous permettront d’avancer dans votre propre apprentissage.

Apprendre sur le Web, c’est d’abord échanger, discuter avec d’autres. C’est ce que nous vous proposons dans ce cours. Lire, écouter, commenter, découvrir d’autres approches, partager, s’ouvrir à d’autres expériences, synthétiser, seront les principales activités du cours.

Pendant 10 semaines, du 4 octobre au 13 décembre 2012, nous vous proposerons des thèmes d’échange, des éclairages progressifs, depuis les techniques de veille jusqu’à l’apprentissage social, bref autour de la constitution de son environnement d’apprentissage personnel. Certains voudront peut-être élargir, compléter le panorama, tout est possible comme le souligne ce premier billet d’un participant déjà actif.

Chacun pourra aller à son rythme, se concentrer sur ses envies, ses besoins et partager avec ceux qui auront des préoccupations comparables. Plus nous serons nombreux, et différents, plus nous apprendrons ensemble. La salle de classe est planétaire, c’est le web. Chacun y entre et sort comme il veut. Chacun peut donner son avis. Chacun peut écouter. Chacun peut présenter son cheminement dans son environnement préféré.

C’est en effet un MOOC (Massive Online Open Course), un cours gratuit, ouvert à tous, sans limite d’inscription, dans lequel chacun apporte sa pierre, chacun peut y puiser ce qu’il veut y trouver. Dans un MOOC, tout le monde est prof et apprenant en même temps.

Les organisateurs sont « simplement » là pour contribuer à l’animation du débat, pour proposer des thèmes « d’accroche » et proposer des invités qui apporteront leur expérience au travers de web-conférences. Ah si, contrairement à ce que laisse penser l’image, nous avons mis une contrainte, nous avons voulu que ce cours soit francophone, ou du moins en français.

Ce cours « Internet Tout y est Pour Apprendre » a un petit nom : ITyPA. Si ce projet vous motive, n’hésitez pas, venez vous inscrire et partager avec nous.

Vous avez encore un doute ? consultez l’article paru sur Thot Cursus, ou visitez le site du cours.

L’équipe d’animation du cours ITyPA :

Anne-Céline Grolleau, ingénieure pédagogique

Jean-Marie Gilliot, enseignant-chercheur en informatique

Christine Vaufrey, rédactrice en chef de Thot Cursus, formatrice

Morgan Magnin, maître de conférence en informatique

Crédit photo : My Mobile PLE par César Poyatos – licence CC-by-nc-sa

Échangeons sur l’impact du numérique dans l’évolution de l’enseignement supérieur français

Dans un mois, le 8 octobre, démarre un MOOC nord américain sur l’état et l’évolution de l’enseignement supérieur (déjà évoqué ici : Un cours ouvert, et à suivre, sur le futur de l’enseignement supérieur : CFHE12 sur ce blog) L’enjeu de ce cours est de cerner un certain nombre de facteurs (internationalisation, conditions économiques, « nouvelles » technologies, ressources éducatives libres) et d’étudier leur impact sur le système éducatif. La démarche, participative, s’annonce passionnante. La question est d’importance.

Mais on voit bien que la question ne se pose pas de la même manière pour le système nord-américain ou anglo-saxon que pour le système français. De nombreux éléments de contexte sont partagés, mais la différence entre l’approche très business des universités américaines et la mission de service public assurée par les universités françaises, permet d’explorer des réponses sans doute différentes.

La structure très souple de ce type de cours fait que chacun peut se donner ses propres objectifs d’apprentissage et mener ses propres réflexions. Ce choix peut également se construire par sous-groupes. Il serait me semble-t-il pertinent de fédérer un noyau qui suive ce cours avec une approche correspondant à cette culture de service public, et qui explore comment le numérique peut servir à l’évolution de l’enseignement supérieur.

C’est également une excellente occasion pour nous d’aller découvrir le mode de fonctionnement d’un tel cours, et les modes de raisonnement anglo-saxon.

Il me semble que cette réflexion, en marge des assises de l’enseignement supérieur et de la recherche qui a une structure de concertation très structurée et semble se préoccuper d’abord de gouvernance et d’organisation, pourrait contribuer néanmoins à alimenter le débat.

Vous qui travaillez dans ou avec l’enseignement supérieur, comptez vous participer à ce cours, que pensez vous de l’idée d’échanger sur le futur de notre enseignement supérieur ? On s’inscrit ?

 

Crédit photo : Présentation de quelques tendances intéressantes en matière de numérique pour la pédagogie par Centre de culture numérique – Unistra licence CC-by-nc-sa

 

Faire son MOOC : l’exemple d’ITyPA

Un des buzz du jour semble être le nouveau slideshare de George Siemens «  Designing, developing, and running (massive) open online courses ». Après une présentation de ce qu’est un MOOC, il nous propose un petit mode d’emploi pour construire son cours en 9 étapes faciles :

  1. Topic, audience
  2. Find someone to teach with
  3. Determine Content
  4. Plan spaces of interaction
  5. Plan interactions (live, asynch)
  6. Plan *your* continued presence
  7. Learner creation (activities)
  8. Promote and share
  9. Iterate and improve

Une bonne occasion de faire le point sur le prochain MOOC que j’ai la joie de préparer avec mes compères Anne-Céline Grolleau, Morgan Magnin et Christine Vaufrey !

Le sujet et l’auditoire.

Nous sommes rapidement tombés d’accord sur l’idée qu’un premier MOOC francophone se devait de traiter les bases d’un tel cours, à savoir comment apprendre à l’heure d’Internet. Cela reste un sujet de discussion, et qui peut intéresser un large public. Notre MOOC s’appelle donc « Internet, Tout y est Pour Apprendre ». Notre objectif étant de diffuser le concept, nous avons choisi que toute personne francophone intéressée pourrait se joindre à ce cours.

Trouver quelqu’un avec qui enseigner

Effectivement, nous n’envisagions pas de nous lancer tout seul pour animer un MOOC, même si l’expérience nous tentait depuis un certain temps. C’est par affinité et par twitter que nous nous sommes asticotés, pour voir si les uns les autres nous serions partants. Chacun de nous avait l’envie de passer à l’acte, et a cherché avec qui le faire. Et l’équipe est bien complémentaire avec des points de vue différents, qui nous ont permis d’élargir notre manière de faire.

Nous sommes en prise de contact avec des futurs invités hebdomadaires sur les différents sujets que nous avons identifié. Nous avons bon espoir tant l’idée de MOOC agite la toile et les échos que nous avons. La réaction de Stephen Downes est un excellent exemple de ce qui est possible aujourd’hui avec le numérique.

Définir le contenu

Ça, c’est en cours de sélection. Nous avons un certain nombre de références identifiées et nous faisons un premier choix. Tout en sachant que chaque participant sera pousser à proposer toute source qu’il trouvera intéressante.

Planifier les espaces

Chaque participant pourra construire son propre espace de production. Le tag sera logiquement ITYPA, et le portail d’accueil est en cours de construction, avec un forum et l’idée de proposé une lettre journalière.

Planifier les interactions

Là aussi, nous resterons sur les modes classiques des MOOCs proposés par Siemens. Une réunion hebdomadaire synchrone sera assurée et enregistrée avec un invité le plus souvent possible. Le reste sera asynchrone et encouragé en prenant le temps au début du cours pour expliquer les modes de fonctionnement d’un MOOC dit « connectiviste ».

Planifier sa présence continue

Cela a été un débat rapide mais fondamental. Nous nous sommes bien mis d’accord sur l’idée que nous serons des accompagnateurs, encourageant les échanges. J’ai pour ma part prévu un créneau journalier pour lire, commenter, réagir, encourager les différentes conversations. Et je ne me place pas en expert, mais j’espère bien apprendre beaucoup de cette expérience.

Production et activités des apprenants

Oui, nous attendons des participants qu’ils créent du contenu. On apprend en faisant, en analysant, en réagissant. Nous espérons donc que les échanges entre pairs soient le plus nombreux possibles.

Faites passer le mot : promotion et partage

C’est parti (d’ailleurs vous lisez ce post). Nous en avons déjà parlé ici ou . Nous avons une liste de réseaux à toucher dans les prochains jours. Et nous espérons que cela sera viral.

Itérer et améliorer

Si le planning est défini, nous restons prêt à le changer si nécessaire. De toutes façons, nous savons que la conversation ne suivra pas le déroulement exact. Certains lanceront un sujet au plus tôt, d’autres continueront à approfondir une voie qui leur tien à cœur. Les participants auront leur mot à dire.

Et pour finir, nous aimerions partager sur notre cours largement. Nous avons lancé un appel à « partenariat » pour permettre à des chercheurs (Annie Jézégou et Paul Bouchard nous ont rejoint dès les premières réunions, de par leur proximité thématique et géographique), ou à des professionnels de la communauté éducative d’échanger sur cette nouvelle forme d’organisation de cours. Un certain nombre ont déjà pris contact, et sans doute feront partie des premiers inscrits. Nous aurons donc 2 niveaux de retour : Un sur le cours lui même et un sur la formule. Et il est bien entendu encore temps de se faire connaitre.

Nous espérons en effet réitérer très vite l’expérience, de manière moins « bricolée ».

Bon, il semble que nous ayons bien répondu aux 9 points. Pas de gros oubli semble-t-il à la lecture de ce diaporama. Y a plus qu’à. Ce sera le 4 octobre à 18:00 (heure française).

Et sur ces 9 étapes, il me semble que 2 supplémentaires vont sans dire :

  • C’est sans doute l’étape 0. Parmi les deux branches principales de MOOC, nous avons choisi celle qui encourage l’auto apprentissage de chacun, à savoir le mode connectiviste.
  • Et parmi les questions qui se posent sur les MOOCs vient celle de l’évaluation, de l’accréditation. Ce premier cours n’en proposera pas. Peut être un petit badge de participation si quelqu’un nous propose un joli logo/badge.

La rentrée pédagogique sous le signe du plaisir avec Ludovia

Pour repartir du bon pied pour une nouvelle année scolaire, rien ne vaut un temps d’échanges permettant de remettre en perspective son action, sur un thème fédérateur, dans une ambiance conviviale de préférence. Ce temps, ce lieu existe, c’est l’Université d’été Ludovia du 27 au 30 août à Ax les Thermes dans les Pyrénées. Le thème c’est le plaisir et l’éducation numérique, tout un programme. Ce plaisir sera étudié sous toutes ses facettes : un colloque scientifique, des séminaires avec des élus locaux, des conférenciers de renom (Serge Soudoplatoff, Serge Tisseron, André Tricot…), des tables rondes pour le débat, et même la venue de politiques (Vincent Peillon et Jean-Michel Fourgous sont annoncés pour mardi soir avec une temps de débat sous forme de barcamp).

Pour éviter de tomber dans une simple écoute, les organisateurs ont pensé à intégrer des moments actifs dans le programme avec des barcamps suite aux conférences, dans lesquels les sujets seront donc plus ouverts, des temps de mise en pratique sous forme d’explorcamps et de fablabs. Il y a également le biathlon numérique qui permet de passer quelques bons moments, ainsi que de nombreux espaces d’échanges informels, qui permettent d’exprimer bien des choses.

Et pour permettre le relais et l’ouverture aux réseaux sociaux à cette université d’été, nous serons un groupe de blogueurs invités (Jean-Paul Moiraud en a dressé la liste sur son blog spécial Ludovia) à relayer l’information, à faire des compte rendus en quasi temps réel (nos amis blogueurs canadiens Jacques Cool et François Guité ont déjà préparé des espaces partagés sur lesquels nous prendrons nos notes ensemble), à alimenter Twitter (tag #ludovia2012), à faire nos propres synthèses personnelles, à relayer les questions issues de la toile, pour que vous ayez l’impression d’y être, ou pour au moins participer.

Nous avons également un rôle d’animation entre modérateur et poil à gratter. Modérateur lorsque nous animons une table ronde, poil à gratter quand nous trouvons que les bonnes questions sont oubliées ou qu’une séance ronronne un peu trop.Il me semble que Ludovia cherche une voie intéressante entre reconnaissance institutionnelle (la conférence de mardi soir en est une excellente illustration) et lieu d’échanges le plus ouvert possible de la communauté éducative (ou du moins la frange éducation formelle avec politiques, institutionnels, acteurs économiques, enseignants, …). A nous de contribuer à trouver cet équilibre, pour la richesse des débats, pour que le plaisir soit le plus intense possible et que l’éducation numérique puisse profiter au plus grand nombre.

Mettre la communauté éducative en réseau

Trois jours d’échanges autour de 3 thématiques : réseaux qu’est ce qui peut nous relier, ressources et pratiques pédagogiques, élargir la participation numérique en éducation. Les deux premières journées nous ont permis de clarifier ce qui pouvait faire lien entre des réseaux ancrés dans le local et des grands réseaux nationaux, les besoins de chacun. Nous nous sommes ainsi compris comme une communauté éducative plutôt qu’un ensemble d’acteurs aux besoins isolés. Ainsi, nous avons pu ébaucher ce que pourrait être un réseau de la communauté éducative.

La session éducation au forum des usages coopératifs à Brest
Trois matinées donc pour partager, pour donner son sentiment, autour de 3 thématiques : réseaux qu’est ce qui peut nous relier, ressources et pratiques pédagogiques, élargir la participation numérique en éducation.  Certains sont venus une des 3 matinées, d’autres ont participé sur les 3 jours, tout en participant aux nombreux autres ateliers qui permettaient de croiser les différents acteurs de la coopération.


Il nous aura fallu 2 matinées pour apprendre à nous connaître, reconnaître l’importance des liens entre le local et le global, la nécessité de l’abondance de rencontres différentes (moins formelles ou dans des tiers lieux), le déséquilibre et le changement induit par la culture numérique dans l’éducation. Il nous aura fallu passer par les ressources pédagogiques pour comprendre le lien entre ressources numérique en général, l’intention pédagogique qui se retrouve liée lorsque la ressource devient pédagogique, et les différentes approches autour du processus de construction suivant qu’on est médiateur, producteur de contenu, enseignant, animateur, parent…
Ce n’est effectivement que le troisième jour quand l’accent a été mis sur le besoin d’aller vers les autres localement que nous avons réellement commencé à construire, à préciser les conditions de la collaboration (transparence, production, pas de hiérarchie), à échanger sur les besoins de chacun, sur l’importance de  tiers lieux, sur les stratégies gagnants pour faire vivre réseaux, associations. Bref, c’est là que s’est forgée la conviction qu’un réseau de lien de la communauté éducative faisait sens.

Difficile de relayer tous les échanges de ces trois matinées, (j’ai eu d’ailleurs beaucoup de mal à construire ce résumé) voici néanmoins quelques éléments saillants.

Des besoins complémentaires autour du partage et de l’échange
Chacun des acteurs autour de l’éducation cherche à bien faire, et souvent s’investit pour essayer de nouvelles pratiques, proposer des nouvelles approches, tester des pratiques pédagogiques et/ou numériques qui lui paraissent pouvoir améliorer le travail de tous au travers de la collaboration.

Mais souvent reviennent les difficultés, l’isolement ressenti. Nombreux des participants se sentent englués dans leurs difficultés et sont confrontés à des murs, en recherche de moyens d’avancer. Localement, que l’on soit enseignant, parent, éducateur, accompagnateur, documentaliste, étudiant, il est courant de sentir un carcan quand on veut faire bouger les choses. Les proches sont campés dans leurs positions, résistent à tout changement.

Certains restent isolés, veulent changer localement leurs pratiques, en proposant par exemple l’utilisation raisonnée de ressources numériques dans leurs pratiques. Cela amène à devoir échanger d’autres localement qui ne prennent pas le temps de comprendre. Ces personnes ressentent un besoin urgent de rencontrer d’autres convaincus, d’échanger sur leurs approches, leurs difficultés, mais aussi leurs réussites. Les réseaux informels comme twitter peuvent être un premier moyen de se connecter, mais encore faut-il en être convaincu et donc sans doute avoir rencontré quelqu’un qui vous en aura convaincu.

D’autres sont organisés en associations qui se mettent au numérique et à la mise en réseau au gré des besoins (communiquer entre les rencontres, capitaliser sur les documents acquis, continuer le suivi dans le temps … ) La question est alors à la fois de permettre à des nouveaux adhérents de rejoindre l’association et de pouvoir profiter des expériences d’autres associations pour se développer de manière harmonieuse.

Les grands réseaux, comme Wikimédia/Wikipédia par exemple, si ils fonctionnent de manière globale, ressentent  pourtant le besoin de rester ancré dans le local en créant des réunions locales entre contributeurs, ou en participant à des événements comme le forum des usages et bien d’autres. Les acteurs de ces réseaux sont d’ailleurs souvent impliqués dans différentes actions. Ce sont bien les gens qui font lien entre les différents réseaux.

Pourquoi parler de communauté éducative ?
Lors des rencontres, nous avions la chance d’avoir un panel très large. Si les enseignants parlaient bien des difficultés de leur métier et de convaincre leurs collègues proches d’explorer de nouvelles pistes, nous avions également des représentants de collectivités locales, d’EPN, de parents, d’éducateurs, des documentalistes, de Wikipédia et autres grands réseaux (Tela Botanica par exemple)  … Nous connaissons également des associations d’étudiants qui semblent animés de la même volonté d’échanger.

Pendant nos échanges, nous étions tous d’accords qu’il est indispensable de pouvoir contourner les barrières que chacun rencontre, d’échanger sur les meilleures pratiques et de mieux comprendre les besoins et les apports de chacun pour pour mieux agir.

Dans le domaine éducatif aussi, on voit bien l’intérêt d’articuler des structures et des événements ancrés dans l’hyperlocal (lieux d’accueil, fablab, copy party au sein d’une bibliothèque …), des associations dédiées qui permettent de répondre à des besoins spécifiques (comme le GREF ou les médiablogs), et des réseaux nationaux comme Sésamath, Wikimédia ou Tela Botanica qui visent à produire et à partager des ressources. L’échange, le partage permettent de renforcer et d’irriguer les 3 niveaux. Il y a donc besoin d’organiser des rencontres au niveau local, et de s’accorder sur des valeurs qui font lien aux autres niveaux.

Permettre aux acteurs de tout bord de se rencontrer pour construire la collaboration
Le constat est donc bien de multiplier les rencontres, les échanges pour permettre à de nombreux projets d’émerger. Nous avons identifié un certain nombre d’éléments pour contribuer à construire un réseau de la communauté éducative :

  • Offrir, relayer des rencontres locales, des événements qui permettent à ceux qui veulent adopter le numérique de se rencontrer, d’échanger et de construire les noyaux qui permettront la diffusion en local. Les tiers lieux, les espaces multimédias,  les lieux de médiation sont des relais pour permette ces échanges. La neutralité permet la rencontre et l’échange ;

  • Proposer des échanges pour permettre l’appropriation de manière neutre des usages numériques, et ainsi proposer des pistes de solutions aux besoins de chacun ;

  • Identifier, partager des stratégies gagnantes pour permettre de convaincre son entourage par petits pas (sur le modèle des wikipatterns ….), les effets de seuil, de levier ;

  • Contribuer à diffuser les bonnes pratiques permettant la collaboration comme notamment l’ouverture, la lise en commun, la transparence dans la gouvernance.

Quel objectif ?
L’usage du numérique, de la collaboration et de ses “valeurs” sont bien les fondements qui permettront de faire tomber les barrières qui empêchent actuellement l’éducation de faire sa révolution pourtant ressentie comme indispensable.
Notre proposition est ainsi de toucher 30% de la communauté éducative  en montant des connexions, en privilégiant une logique de réseaux pour permettre enfin à la communauté éducative toute entière de pouvoir s’approprier globalement le numérique et de nouvelles pédagogies plus collaboratives en éducation.


Compléments :

Les Cours en Ligne Ouverts et Massifs, explication en français par Stephen Downes

Si vous envisagez de suivre un MOOC un de ces jours (par exemple ITyPA à l’automne), il vous faudra prendre un temps pour comprendre le mode de fonctionnement de ce type de cours. Un point d’entrée si vous êtes francophone pourrait être cette vidéo de Stephen Downes qui nous fait le plaisir de nous faire une petite introduction en français sur le sujet.

Les Cours En Ligne Ouverts et Massifs

Pour la petite histoire, la genèse de cette vidéo est amusante. Dans le cadre de la préparation du futur MOOC ITyPA, nous cherchons des témoignages, des personnes ressources qui permettent de susciter des échanges. Comme nous avons vu que Stephen Downes (présenté ici par Patrick Giroux), un des deux animateurs du premier MOOC, avait fait une intervention en français à Clair en 2012 (voir ici). Je lui ai donc envoyé un petit courriel pour lui demander si il pouvait faire quelque chose pour nous. Sa réponse a été dans la matinée cette vidéo. Je (nous devrais-je dire) trouve formidable cette réactivité et cette qualité de réponse. C’est en tout cas une belle leçon sur la manière de vivre et de construire l’échange.

Je vous invite à l’écouter, je ne retranscris donc surtout rien, et vous laisse réagir.

Plaisir d’apprendre ! d’enseigner ? À discuter à Ludovia 2012

« Le plaisir est souvent associé à un qualificatif : plaisir sexuel, alimentaire, intellectuel, professionnel, parental, moral, civique (ou du devoir accompli), etc. » L’université d’été Ludovia de cette année nous propose d’associer plaisir avec éducation numérique.

Continuons de parcourir l’article de Wikipédia :

  • « Le plaisir, sensation agréable, liée à une expérience. Le plaisir a un grand nombre de termes plus ou moins synonymes (contentement, volupté, satisfaction, délices, régal, jubilation…) qui désignent des variétés plus ou moins subtiles de l’expérience. » La majorité des synonymes intègrent l’idée d’accomplissement, même fugace. Serait-on dans l’immédiateté ?
  • Les amateurs de définitions récursive aprécieront celle-ci liée à lépicurisme sur Wikipédia : Epicurisme : nous recherchons les plaisirs, mais simplement parce que nous nommons plaisir ce que nous recherchons

En lisant les nombreuses contributions préparatoires sur le site de Ludovia Magazine, j’en suis arrivé rapidement à me poser beaucoup de questions :

  • Quels liens entre plaisir, jeu et motivation ? Faut-il formaliser ou simplement analyser ?
  • Est ce que par plaisir, on parle de liberté, d’autonomie, de savoir apprécier l’imprévu ou au contraire de sécuriser, de baisser la sensation de risque ?
  • Vise-t-on le plaisir dans la situation d’apprendre, ou celle dans l’accomplissement de l’apprentissage ?
  • Il y a le plaisir de la contemplation, mais beaucoup d’articles insistent sur l’engagement, notamment au travers du jeu. Donner envie pour engager des participants, c’est donner un choix, et accepter qu’on ne le prenne pas….
  • Bref, le plaisir peine à être classé, systématisé. N’y-a-t-il pas un dimension personnelle, de choisir ce qui me convient dans le plaisir ?

En tout cas, et c’est la première réussite du thème de cette année de Ludovia, celle de proposer un terme résolument positif et personnel pour revisiter des notions comme engagement, motivation, jeu, et de l’associer à apprendre … et à enseigner.

 

La deuxième réussite, c’est d’avoir mobilisé de nombreux intervenants, qui se positionnent sur ce thème et revisitent ainsi leurs discours.

Une difficulté sera de confronter cette dimension de plaisir, à la nécessité, l’injonction d’évaluation. En effet si les concepteurs de jeu mettent en avant la dimension d’engagement (et de leur point de vue de plaisir), ils sont confrontés à la nécessité de rentabilité des investissements liés aux développements de tels jeux. De même, l’éducation dans son ensemble est soumise à évaluation, la variable plaisir est elle corrélée à la mesure de l’apprentissage ? Voilà qui justifie pleinement les questionnements d’André Tricot.

Il sera intéressant de profiter de ces rencontres pour essayer d’identifier les vecteurs de plaisir, de les corréler avec des éléments pouvant favoriser l’apprentissage (engagement, motivation, vécu …), et d’interroger les instances de gouvernance sur une politique permettant l’épanouissement et le plaisir dans les établissements.

Nos hôtes font un travail de préparation absolument formidable, en recueillant des avis, des analyses, des résumés des présentations scientifiques qui se feront à Ax-les-Thermes fin août.

Quels plaisirs avec le numérique ? Patrick Mpondo-dicka en propose plusieurs : le plaisir démiurgique de création, le plaisir du bricolage, le plaisir du la médiation, le plaisir sensible (au travers de nouvelles interfaces)

Comme le souligne Serge Soudoplatoff, il semble plus facile de parler de plaisir d’apprendre que de plaisir d’enseigner. Et cela pose question tant on sait que l’enseignant reconduit les schémas qu’il a vécu. Il devient naturel de dire qu’il faut souffrir pour apprendre.

Et pourtant… comment motiver, comment « donner » du plaisir si l’enseignant lui-même n’est pas dans cette posture. Caroline Jouneau-Sion et Stéphanie de Vanssay, dont on connaît l’engagement pour le numérique, nous interrogeront sur « En quoi utiliser les TICE et les réseaux sociaux participe au plaisir d’une pédagogie renouvelée ? »

Parmi les invités, il y aura aussi comme les années précédentes des blogueurs. À la fois, rapporteurs des échanges et poil à gratter, ils participent aussi au débat. C’est à ce titre que je participerai à cette édition.

 

Et si Ludovia 2012 permet de lier durablement plaisir, à enseigner, à apprendre et au numérique, alors cette édition aura vraiment contribué à changer l’école.

 

Crédit photo : Évaporation…!!! par Denis Collette…!!! licence CC-by-nc-nd