Interfaces naturelles pour la médiation avec le numérique

Interfaces naturelles, le titre de l’atelier animé par Hugues Aubin, et Julien Rat (dit Zozo, des petits débrouillards) est court, presque énigmatique. Ce qu’ils nous proposent en fait, c’est comment bricoler des interfaces qui permettent d’interagir de manière naturelle avec du contenu sur le web.

Adieu donc, clavier, souris, voire écran classique, qui en rebute encore plus d’un et qui limitent la participation, et bienvenue à des objets qu’on peut toucher, des surfaces qui réagissent, pour nous étonner et nous pousser à la découverte. Le prezi de Julien Rat, nous emmène donc dans une promenade d’interfaces qui renouvellent l’expérience utilisateur et qui pourtant ne coûtent pas grand chose. La médiation entre numérique et grand public y trouvera certainement de multiples idées à piocher, à adapter.

Au niveau des dispositifs d’acquisition, je retiens :

  • l’approche de dérouter des interactions avec des objets pour émuler des touches de clavier, de souris, de télécommande. Les gaillards de Makey Makey nous montrent un certain nombre d’applications intéressantes, et une petite carte qui facilite les montages. Pour information, les mêmes fonctionnalités peuvent être également obtenues avec une carte arduino, une résistance de 1 Mohms et la librairie Capsense ;

  • L’utilisation de manette Wii cachées dans un objet, ou remplacée par une application smartphone (exemple de Tasker accessible en phase d’essai)

  • une web cam permet de récupérer toute forme d’informations de mouvement ;

  • évidemment, la Kinect qui permet de capter des mouvements en 3D, ainsi que le squelette d’une personne ;

  • Le multitouch également s’obtenir avec différents montages (notamment avec des webcams) ;

  • la détection d’informations sur les objets, via les Qrcodes ou le tags RFID ;

  • et bien entendu les écrans tactiles.

Au niveau des dispositifs d’affichage :

  • le vidéo-projecteur est roi pour permettre de donner à voir sur n’importe quel surface ;

  • la réalité augmentée (Layar et la possibilité d’y intégrer ses propres informations via layar creator, mixare qui est libre, ou autres, sur smartphones) qui permet d’insérer des informations numériques dans le paysage.

Le couplage des 2 permet d’obtenir des dispositifs complets :

  • Les affichages peuvent même suivre les mouvements, comme le montre le dispositif Omnitouch (qui semble faire suite à sixth sense).

Bref, une heure et demi à échanger sur comment interagir, à citer de nombreux groupes qui travaillent sur ces sujets. Et je terminerai par le premier dispositif présenté ce jour là : la Reactable qui montre comment la combinaison de ces technologies permet d’imaginer des dispositifs interactifs, coopératifs et artistiques.

Internet, Tout y est Pour Apprendre : la preuve par MOOC

Internet, pour se cultiver, pour apprendre, pour le plaisir d’échanger et de confronter ses idées, c’est à cet Internet que nous nous intéressons. On connaît tous le moteur de recherche comme outil pour trouver l’information dont on a besoin. Mais cette recherche n’est que la première étape d’un apprentissage. Comprendre, analyser, valider, confronter, synthétiser sont des actions qui permettent d’aller plus loin et de s’approprier des connaissances.

Internet permet tout cela et même plus. C’est en effet à la fois la plus grande médiathèque du monde, un espace d’écriture, de construction et la possibilité d’échanger avec des personnes de la terre entière.

Oui, Internet, Tout Y est Pour Apprendre (ou ITyPA!). Mais comment s’organiser devant l’abondance des ressources, leur perpétuel renouvellement et la diversité des points de vue ? Comment collaborer avec d’autres personnes ? Comment évoluer et progresser ? C’est autour de telles questions que nous souhaitons échanger dans le cours ITyPA cet automne.

Ce cours sera en ligne et ouvert à tous, et comme c’est l’usage sur Internet, plus nous serons nombreux, plus ce que nous en tirerons sera potentiellement riche. ITyPA, à nous d’en tirer parti. Cette forme de cours porte un nom, en anglais : MOOC pour Massive Online Open Course. Ce nom a été proposé en 2008 dans un cours, le CCK08 (pour Connectivism and Connective Knowledge, i.e. connectivisme et savoir collectif en français), l’adjectif Massive vient du fait qu’un tel cours peut regrouper plusieurs milliers de participants. Popularisé par quelques universités américaines (Stanford et le MIT en tête) il existe maintenant deux formes principales : celle qui copie les cours traditionnels de l’université et celle qui est basé sur l’abondance des ressources et les échanges entre participants, qui est en fait la forme la plus en phase avec la philosophie du Web. Le terme connectivisme a d’ailleurs été proposé pour souligner qu’apprendre sur le web, c’est avant tout créer des connexions, des liens. C’est ainsi une évolution du constructivisme cher aux pédagogues.

une petite vidéo pour illustrer existe, en anglais :

Nous sommes quelques uns à avoir suivi un tel cours ou à avoir été intrigués par ces formes d’apprentissage, et à avoir publié ou relayé l’information. C’est assez naturellement qu’Anne-Céline Grolleau, Christine Vaufrey, Morgan Magnin et moi-même avons convergé sur l’idée de proposer conjointement un tel événement sur le web. Nous étions tentés par l’aventure, mais conscients qu’une telle expédition se monte à plusieurs. Et c’est bien la forme la plus participative qui nous motive.

Le thème et la forme se sont imposés pour plusieurs raisons : nous voulions nous ouvrir à un maximum de participants potentiels, nous ressentons l’existence d’un tel besoin dans nos entourages respectifs, et puis ces compétences sont quelque part un préalable à toute autre forme de MOOC connectiviste.

Comme nous pensons que cette formule est intéressante et encore originale dans le monde francophone, nous avons cherché et réussi à convaincre deux spécialistes en sciences de l’éducation : Annie Jézégou et Paul Bouchard pour nous apporter leur aide tant pendant la préparation que pour l’évaluation de ce cours.

Petit challenge supplémentaire, nous avons aussi décidé d’inviter d’autres partenaires pédagogiques à observer, à participer, pour pouvoir ensuite collaborer à d’autres cours sous cette forme, si cela marche comme nous l’espérons. Un objectif que pourrait se donner cette communauté serait de construire un guide du MooC en français, mais ce n’est qu’une proposition.

Parmi les questions que nous nous posons, c’est de savoir combien de participants pourraient se fédérer atour d’un tel cours.

Nous nous sommes donnés comme objectif de démarrer début octobre, et cela semble rester possible. Si vous souhaitez participer, réservez quelques heures hebdomadaires dans vos plannings de cet automne. Chaque semaine, nous proposerons un témoignage d’une personne ressource et quelques pistes d’approfondissement autour desquelles chacun pourra produire du contenu et échanger avec les autres participants.

Suivez le hashtag #ITyPA sur twitter, ou regardez l’évolution du site du cours : itypa.mooc.fr, ou soyez attentifs aux annonces.

Crédit photo : The MOOC shop par cogdogblog licence CC-by

Pédagogie et innovation numérique, vers quoi allons-nous ?

Je suis invité à venir m’exprimer aux Terrasses du numérique organisées par la Direction des Usages du Numérique de l’université de Strasbourg (Unistra). Leur demande « Pédagogie et innovation numérique, vers quoi allons-nous ? » m’a amené à réfléchir à proposer quelques grands thèmes et à y intégrer quelques témoignages d’expérimentations. Le résultat s’articule donc autour de deux grands axes :

  1. l’entrelacement entre le réel et le virtuel, qui me permettra d’aborder : le mobile (learning), d’évoquer rapidement les interactions liées à la réalité augmentée, la simulation et le 3D, et de continuer sur les Fablabs (et nos codecamps) et l’internet des objets
  2. le collaboratif, pour lequel je repartirai de mes différentes expériences avec le web, puis je reprendrai quelques diapos sur l’idée que les ressources éducatives libres se développeront en réseau(x), et je compléterai avec les MOOCs et autres badges ouverts

L’idée d’ouvrir des degrés de libertés aux enseignants, aux élèves (via une démarche AVAN notamment) sera transverse. On parlera pour chaque thème d’exemple pédagogique, et d’opportunités. Seul problème, je n’ai qu’une heure …

Dans les éléments qui m’ont permis de construire cette présentation, je retiens comme lectures l’approche de nos amis américains qui sont largement impactés par ces évolutions. La création de nombreuses startups, l’impact recherché au niveau mondial de leurs universités, les amène à reconsidérer le système universitaire dans leur entier.

Pour ceux qui voudraient retrouver d’autres sources d’inspiration, les diaporamas que j’ai pris comme sources principales sont ceux de Mike Sharples, George Siemens et Steve Wheeler. Les plus attentifs y retrouveront des diapos empruntées.

ajout du 22/9/2012 : La conférence a été enregistrée, et peut donc être retrouvée ici sur la webTV d’Unistra.

Crédit photo : Les mots clés du centre par Centre de culture numérique – Unistra licence CC-by-nc

Un cours ouvert, et à suivre, sur le futur de l’enseignement supérieur : CFHE12

George Siemens vient de publier une introduction à ce cours dans un article au titre évocateur suivant : Le futur de l’enseignement supérieur et autres impondérables. Ce cours « Current/Future State of Higher Education » est ouvert à tous, et démarrera le 8 octobre 2012. sera organisé par demultiples institutions qui s’intéressent à cette évolution d’un point de vue systémique. Retenez son sigle CFHE12, vous le retrouverez sans doute ici et là.

Son approche se veut être une approche de chercheur, et donc d’analyse approfondie des éléments en présence, des interactions et des facteurs d’influence, des solutions alternatives possibles…

Il détaille ainsi 5 parties, et montre comment elles peuvent être revisitées.

  • Le contenu et le curriculum → au travers de l’abondance ressources disponibles et libres notamment ;
  • Enseigner et apprendre → en mettant l’accent sur les potentialités des échanges entre pairs qui permettent de décentraliser la position de l’enseignant ;
  • la certification et l’évaluation → au travers des badges ouverts,décentralisés et la possibilité d’ouvrir des centres d’examens partout dans le monde ;
  • la recherche et la diffusion de connaissances → en rappelant les mouvements qui se sont formés autour de la publication ouverte des publications scientifiques ;
  • l’administration et la direction → en montrant les risques que l’université perde son leadership en tant que formation et production de savoirs dans un monde ouvert ;

IIl montre ainsi que tous ces éléments doivent être repensés au travers de la nature distribuée d’Internet face à des institutions qui se considèrent centralisées. Le point de vue de Diana G. Oblinger, Présidente et Directrice Générale de EDUCAUSE, était similaire lors de la conférence de clotûre du CIUEN, où elle revisitait l’université sous forme d’une chaîne de valeur et montrait que chacun de ses maillons pouvait être recomposé par des services extérieurs (des entreprises donc). On y trouvait en plus le recrutement … Une autre vue de ce type décomposant les fonctions de l’université se retrouve dans l’infographie de Steve Blank.

Dans l’article, on trouve ainsi un lien vers un living lab sur l’université du XXIème siècle, hébergé par Georgia Tech. Si on retrouve des éléments dans la conférence CIUEN, je n’ai pas vu en France de réflexion au niveau systémique sur l’université.

On peut se demander dans quelle mesure ces changements peuvent impacter l’enseignement supérieur français. Il y a sans doute 2 niveaux d’impact à considérer : le premier est d’intégrer pleinement l’impact du numérique, des formes d’ouverture, d’Internet et de sa nature distribuée sur nos institutions (y compris sur nos « grandes écoles »), le second est de se demander dans quelle mesure cette « révolution » qui se déroule aux États-Unis peut modifier le paysage mondial et s’inviter en France.

On peut s’imaginer protégés par divers facteurs (faible prix des inscriptions, barrière de la langue, reconnaissance des diplômes en France …), mais que se passera-t-il si certaines de ces barrières s’abaissent : si nos étudiants décident qu’apprendre l’anglais vaut la peine pour faire de bonnes études (ou même simplement les meilleurs d’entre eux), si des formations de bon niveau deviennent accessibles financièrement,  si le Canada propose des cours équivalents, si des versions françaises venaient à être proposées (voyez en combien de langues existent Wikipedia ou la Khan Academy), ou si les principales entreprises reconnaissaient des diplômes obtenus à partir de cours en ligne.

Il est sans doute stratégique de se poser la question en France. Une première étape pourrait être qu’un groupe suive le cours de cet automne et réfléchisse collaborativement sur la question du futur de l’enseignement supérieur français. Qu’en pensez vous ?

Crédit photo : George Siemens par Stephen Downes – licence CC-by-nc

Opportunité pour la motivation et pour la formation tout au long de la vie : les badges ouverts

Jusqu’à présent, on pouvait gagner des badges dans un jeu, sur un site précis, pour le fun ou pour la gagne. Et puis, si on voulait faire quelque chose d’équivalent ailleurs, il ne nous restait plus qu’à recommencer.

Moins facile à obtenir, un diplôme ou un certificat, donne droit à un document unique, dont il est difficile (voire impossible) d’obtenir une copie. Pour pouvoir démarrer, il est nécessaire de passer par une évaluation des diplômes précédents. Pour obtenir des crédits dans une autre université, il est nécessaire de faire valider son parcours par son université d’origine.

Ensuite, la validation des connaissances ultérieures s’avère compliquée, et la formation tout au long de la vie (FTLV) pourtant affirmée comme indispensable dans le cadre d’un rallongement des carrières, passe souvent par un processus complexe.

Aucun rapport entre tout cela ? Et pourtant, il s’agit bien de valider par un organisme extérieur l’acquisition de connaissances, voire de compétences et de pouvoir les valoriser auprès de tiers pour continuer Son parcours propre (et librement choisi).

Pour faciliter cette construction, pour permettre à chaque institution, à chaque site de proposer des badges (cela recouvre aussi bien un passage de niveau dans un jeu, qu’un niveau d’acquisition de connaissances sur un site didactique, qu’une UV ou un diplôme dans une université prestigieuse), la fondation Mozilla propose Open Badges, une infrastructure complète, ouverte et décentralisée permettant aux institutions et aux sites de délivrer des badges et de les valider, aux personnes de les accumuler, et de les afficher.

On voit bien l’intérêt pour permettre aux personnes de se construire des courses au trésor de badges, facteur de motivation reconnu auprès des jeunes. L’aspect ludique, validation d’acquisition avec des retours tangibles est une option intéressante pour outiller l’évaluation formative et la ludifier. En tout cas dans le domaine de l’apprentissage de la programmations cela marche, avec 500 000 inscrits en un mois à la Codacademy. C’est un facteur de motivation étonnant pour nos jeunes.

De manière plus professionnelle pour permettre de développer ses compétences tout au long de la vie, l’idée est également séduisante. Une telle infrastructure doit permettre à chacun de valoriser des parcours plus personnels, et de les justifier auprès d’employeurs potentiels. Cela devrait permettre à terme d’ouvrir les curriculums pour plus de flexibilité, de faciliter les équivalences internationales, et de permettre de valider simplement les acquis.

On peut également imaginer des sites de validation et de certification indépendants. Smarterer en est un prototype, en permettant des valider des connaissances d’outils du Web qui peuvent intéresser des entreprises (en tout cas, c’est leur discours: « show what you know »). La question de la reconnaissance sera centrale, dès les effets de mode et d’essai passés.

J’avoue que l’idée de mélanger médailles de jeu, et diplômes dans le même pot commun m’a fait tout drôle et en suivant les différents liens sur les OpenBadges, j’ai parfois eu l’impression de tomber sur des jeux (sérieux;-) ) pour gamins. Mais après tout pourquoi pas, le Web regorge de systèmes où l’on trouve de tout, les croisements permettant d’ouvrir de nouvelles opportunités.

Bien entendu, cela n’empêchera pas de construire des portfolios, pour valoriser des expériences plus personnelles, et professionnelles, tout en mettant de l’humain dans le système.

Si vous êtes tentés, il est d’ores et déjà possible de délivrer des badges (voir : Open Badges: Want to Make Your Own Badges by Hand? Here’s How). Les pin’s numériques vont ils devenir à la mode ? Quand on voit le succès des twibbons affichés pour toute sorte de cause, on peut le penser. Surtout si ces insignes font sens.

Un vraie opportunité pour soutenir la motivation, une solution ouverte pour la certification tout au long de la vie, un moyen pour les institutions de se faire reconnaître. Une bonne solution technologique qui peut devenir une cause à soutenir.

Crédits photos :

Techlaration badge par Lucius Kwok – licence CC-by-sa

Badges & pins par david roessli – licence CC-by-nc-sa

Voilà pourquoi il faut laisser nos élèves venir avec leurs appareils en classe

Désolé cette vidéo est en anglais. Si vous le comprenez, n’hésitez pas à y consacrer quelques minutes. C’est bien fait, ludique, et surtout tous les arguments y sont pour encourager nos écoles à adopter le BYOD (« Bring Your Own Device »).

Sinon, il ne vous reste plus qu’à adopter la traduction française AVAN pour « Apportez Vos Appareils Numériques »et à vous rabattre sur quelques liens en français :

Il en a été également question dans les couloirs de l’université de Paris-Descartes lors du jnum12.

Que faut-il de plus pour convaincre les établissements ? Traduire cette vidéo en français ? Faire une étude financière ? Ou d’impact sur les apprentissages ?

Ou encore changer la logique des apprentissages ? Certains  prédisent ce changement et lui ont déjà trouvé un acronyme en anglais  : le BYOL – Bring Your Own Learning,

En conclusion, Marc-André Lalande nous pose la bonne question, qui est de savoir non pas si, mais quand passerons-nous aux technologies numériques à l’école.  Ce qui a bien été relevé ici :

PS : merci à Anne-Céline Grolleau, aussi connue sous le pseudonyme de @ActionsFLE pour le lien vers la vidéo et son scoop-it.

Marc-André Lalande

Bloom pour classer les outils

Twitter est un outil de recommandation magnifique. On y découvre des perles des personnes que l’on suit. Bien entendu on en rate plein. Cela s’appelle l’abondance des ressources. De temps en temps on tombe sur une perle. La dernière me vient d’Alexandre Riopel ( #FF donc:-) )

Et on tombe sur une page de Kathy Schrock proposant d’associer des outils à des verbes de la taxonomie de Bloom.

  • La première chose intéressante est le visuel proposé qui ravive quelque peu les couleurs de notre chère vieille taxonomie de Bloom (quand je dis vieille, on est quand même sur la dernière version, celle qui a été revisitée par Krathwohl) ;
  • la seconde est qu’il y a un visuel pour chaque famille d’outil : web2.0, android, google, ipad … le seul clan oublié est celui des outils hébergés ;
  • cela me donne du grain à moudre pour poursuivre mon petit travail de fond qui est d’identifier des triplets (outils, objectif pédagogique, exemples de bonnes pratiques associées) que j’avais entamé dans cet article : Caractériser les apprentissages sur le web2.0, cette page sur la taxonomie de Bloom pourra également y contribuer ;
  • et finalement, cela m’a permis de découvrir ce site que je ne connaissais pas : le « Kathy Schrock’s Guide to Everything ». Le prénom m’interpelle toujours, mais surtout c’est une mine de liens organisée qui mérite sans doute que l’on y plonge.

Crédit photo : Kathy Schrock licence CC-by-nc-nd

La révolution du Mooc a commencée

Du moins en Amérique ….

L’acronyme MOOC (Massive Open Online Course, qui pourrait se traduire par Cours massivement ouvert en ligne, mais l’acronyme serait moins joli) date de 2008. Il a été expérimenté sous des formes très ouvertes, au départ pour populariser la théorie du connectivisme par George Siemens, Stephen Downes et Davec Cormier. Un MOOC, c’est un cours en ligne, ouvert au sens où les contenus sont ouverts, mais aussi au sens où il est ouvert à tous. Cette seconde acception d’ouvert est importante car pour fonctionner, un MOOC doit être massivement suivi, à savoir qu’il fonctionne d’autant mieux que le nombre d’inscrits est important. En effet, un élément central est l’interaction entre pairs. On est dans une production collaborative.

D’autres formes expérimentales ont été proposées. Citons par exemple la P2PU qui propose des cours variés, définis par la communauté, ou la célèbre Khan Academy qui offre une méthode vraiment nouvelle d’apprendre les mathématiques. Derrière ces formes pédagogiques, on trouve des penseurs, comme Sugata Mitra, qui témoigne comment les enfants peuvent apprendre par eux-mêmes ou Ken Robinson qui dénonce la mise à mort de la créativité par l’école traditionnelle. Derrière ces expérimentations, il y a une volonté de rupture.

Mais depuis, les grandes universités américaines expérimentent, se positionnent, affichent leurs ambitions. Depuis longtemps le MIT propose son initiative Open Course Ware de mise en ligne de contenus ouverts. Mais ce printemps, il s’associe à Harvard pour franchir une étape : proposer des cours complets en ligne, ouverts à tous et en complément des cours du campus. Cela s’appelle edX, et s’accompagne d’une campagne de communication dans laquelle on parle de révolution. Révolution peut être, mais certains (Techcrunch) considèrent que celle-ci n’est pas encore complète. En effet, le mode pédagogique reste transmissif (vidéos d’amphi en ligne), avec des exercices standardisés (automatisables), et ces vénérables institutions ne semblent pas (encore) prêtes à délivrer des diplômes aux personnes qui auront suivi ce cours.

De son coté Stanford a fait un carton avec un cours d’introduction à l’intelligence artificielle, le CS221, avec plus de 20 000 inscrits. Et de ce coté de l’Amérique, on peut y gagner des crédits. Seule limitation, on reste encore dans des formes de travail dont la correction est automatisable. À la mode californienne, cela à conduit à deux créations de startups complémentaires :

  • Coursera, qui peut se définir comme un portail permettant à plusieurs universités de proposer des cours ouverts ;
  • Udacity, qui propose des cours originaux et se permet ainsi d’explorer d’autres manières d’aborder l’informatique et le futur de l’université. Les enseignants de CS221 ne se voient pas retourner en amphi.

Bref, cela bouge. Et de nombreuses idées vont fleurir et ouvrir de nouvelles voies. L’excellent billet « Massive Open Online Professor » en cite deux (dont une dans les commentaires) :

Face à cette révolution, voici quelques questions dont nous ne pourrons pas faire l’économie de ce coté de l’Atlantique :

  • Est ce que demain nos étudiants suivront des cours offerts outre-atlantique ? Est ce un risque, une opportunité ? Les universités françaises seront-elles productrices de cours, consommatrices de contenus, ou simplement dépassées ?
  • Dans la perspective d’intégrer les MOOCs dans l’enseignement supérieur, comment articuler les curriculums de formations avec ces MOOCs ? Est ce simplement ouvrir des cours à l’extérieur comme le fait le MIT ? Est ce de proposer les cours du MIT et faire l’évaluation en interne dans les universités ? Est ce de mutualiser des cours et les proposer sur plusieurs campus ? Est ce que l’on s’appuie sur les ressources en ligne pour développer l’esprit critique de nos étudiants ?
    Répondre à cela va nous obliger à revisiter nos objectifs de formation, et donc nos évaluations, et par rebond nos méthodes pédagogiques (avec au centre motivaion et alignement pédagogique). (Je note ici pour souvenir une petite liste de 10 capacités professionnelles pour 2020, relayée par Stephen Downes)
  • Quelles formes peuvent prendre des MOOCs francophone ? (à la française diraient certains, ou pour la communauté francophone ce qui est plus large) Notre culture n’est pas celle du monde anglo-saxon. Nos modèles d’université sont (heureusement) différents et moins sensibles aux notions de marché. Par contre, faut-il simplement mettre en ligne des cours classiques avec des captures vidéos (dans nos universités numériques) ou y-a-t-il une place pour des formules plus dynamiques (en phase avec le connectivisme, la créativité …) ?
  • Liée à cette question se pose celle des moyens. Il est amusant de se dire que la mise en line de cours standards semblent coûter plus cher (nécessité notamment de captation correcte, et aux plate-formes d’évaluation) que les formules plus ouvertes et participatives (Khan a juste eu besoin d’une tablette pour démarrer, les cours de Siemens et al. utilisent des outils standards du Web). Que faut-il automatiser ? Pour quelle dynamiques de cours ?
  • Pour quels publics ? Étudiants ? Enseignants ? Plus large (apprendre tout au long de la vie) ?
  • Au fait quelles sont les postures possibles des enseignants dans ces MOOCs ?
  • Pour quels objectifs ? Formation à la « science » informatique ? Formation au connectivisme ? Autres ?
  • Quelle stratégie ? Il y a une courbe d’apprentissage : il faut d’abord maîtriser les mécanismes de participation avant de pouvoir proposer un cours sur un sujet quelconque.
  • Quels points d’entrée ? Siemens, Downes, Cormier se sont fait connaître en tant que chercheurs et ont créé des cours pour diffuser et valider leurs approches. Le MIT, Harvard, Stanford jouent sur leur réputation planétaire (ce sont les 3 premiers du classement de Shangai). P2PU, Wikiversity sont pour leur part des acteurs du libre.

Suivant nos métiers, nos employeurs, nos expériences, nos valeurs, nous n’aurons pas tous les mêmes réponses. Mais pour comprendre l’esprit des MOOCs, il nous faudra apprendre à partager, à collaborer, et pour coller à l’esprit d’Internet chercher le consensus. Et créer un écosystème …

Crédit photo : MOOC Art #ds106 #manchester par heloukee (CC-by-nc-sa)

le BYOL – Bring Your Own Learning, conséquence du BYOD #AVAN

L’idée du BYOD ou Bring Your Own Device, permettant à chacun d’apporter ses propres équipements au travail, ou à l’école, est une grande tendance du moment. Il en a déjà été pas mal question dans ce blog, avec une traduction en français, AVAN pour Apportez Vos appareils Numériques.

Logiquement, cela donne de l’ autonomie aux personnes, puisque celles-ci deviennent maître de leur équipement personnel, mais aussi de travail et d’apprentissage (ou du moins d’une partie). De plus, cela met en avant l’apprentissage informel, notion qui reconnaît que l’apprentissage se fait également (surtout ? ) en dehors du temps du cours.

Autonomie, personnalisation, mais aussi développement de stratégies d’apprentissage personnelles. Il devient normal que chacun puisse redevenir son propre maître de ses apprentissages.

Jane Hart publie ainsi un article de blog (en anglais) « est-il temps pour une stratégie BYOL dans votre organisation ? », montrant que l’entreprise se doit d’accompagner ce mouvement pour compléter son offre de formation, mais ne peut le contrôler. Elle souligne la prise de distance des personnes par rapport à la formation professionnelle (et en ligne) en montrant que pour les employés celle-ci n’est plus la source unique d’évolution des compétences.

Cette approche est cohérente avec l’idée de Harold Jarche (qui travaille avec Jane Hart) que nous sommes à l’âge de l’apprentissage. L’apprendre à apprendre pourrait devenir réalité, mais ces deux articles constatent bien que les mentalités doivent encore évoluer, et que le plus vite sera le mieux.

Dans la même veine, Harold Jarche nous parle de PKM (Personal Knowledge Management ou gestion de connaissances personnalisées) en tant qu’environnement pour son développement personnel. Dans le domaine de l’apprentissage, on parle de PLE (Personal Learning Environment ou environnement d’apprentissage personnel), mais de fait on recouvre le même phénomène dans les deux cas. Notons que l’apprentissage est ici social et actif dans le sens où il se fait au travers de productions.

La formation tout au long de la vie peut trouver un environnement d’appui appréciable avec ces approches issues du numérique.

Quel impact sur l’enseignement supérieur formation initiale ? Difficile à dire tant pour l’instant ces dimensions de prise en main des apprentissages reste en dehors du focus :

  • Parce que nous délivrons des diplômes qui sont une construction cohérente des apprentissages ;
  • Parce que la structure des formations est basée sur l’offre et non la demande ;
  • Parce que nous craignons que les étudiants puissent faire des choix incohérents ;
  • Parce que nombre des étudiants n’ont qu’une vision très incomplète de leur futur professionnel ;

et pourtant :

  • Qui connaît les métiers de demain ?
  • Développer motivation, autonomie, responsabilité de nos étudiants ne passe-t-il pas par la délégation de leur avenir ?
  • Comment répondre à des demandes émergentes qui ne sont pas issues de la recherche ?

Sans doute la réponse sera dans une ouverture progressive, réconciliant une cohérence de l’offre (les diplômes) et de la demande (prise en compte de la construction de personnalités). On est bien dans la question de la formation d’adultes autonomes, capables de porter ses propres choix.

Au fait, depuis ce matin je me demande comment traduire BYOL (Bring Your Own Learning) en français. AVA pour Apportez Vos Apprentissages me paraît trop court :

  • CAVA pour Choisissez et Apportez Vos Apprentissages ?
  • SAVA pour Soyez Acteurs de Vos Apprentissages ?

Crédit photo : Relaxed Study, Learning Grid, University of Warwick par jisc_infonet licence CC-by-nc-nd

Mooc francophone – y a plus qu’à

Christine Vaufrey nous a encore proposé un excellent article sur Thot dénommé Le MOOC, mode d’emploi. À lire.

Elle y distingue clairement deux formes de MOOC, le cours ouvert en ligne, proposant une forme standard de cours où un enseignant enseigne et des étudiants s’essayent au travers d’exercices standardisés, et le MOOC, vu par les canadiens Dave Cormier, Stephen Downes ou George Siemens, basé sur les principes du connectivisme, proposant une exploration partagée d’un sujet.

Par contre, elle cherche à nous interpeller, en regrettant qu’aucun acteur francophone ne se soit positionné.

Le centre de son article est un excellent résumé du guide en anglais édité par Inge De Waard, réalisé à l’occasion d’un MOOC sur le mobile learning (à suivre, en anglais en septembre 2012), en remarquant que la traduction en français manque encore. Il s’agit bien là de la vision la plus ouverte d »un MOOC .

Et bien, faisons le premier pas. Clarifions déjà ce qu’est un MOOC en traduisant ce guide en français, par exemple sur un wikilivre.

C’est parti ! Le Wikilivre est ouvert. Nous pouvons dès à présent contribuer à sa construction.

On y va ?

Crédit photo : récupéré sur le MoocGuide, publié sous licence CC-by-nc-sa